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Présentation de Largo Editions
Il s'appelle Paul Aubry-Lecomte. Membre du 813 et autres associations, c'est un véritable passionné de romans noirs. A l'occasion d'un redéploiement professionnel il se dit qu'il passerait bien du statut de lecteur à celui d'acteur dans le milieu du polar. Moralité en avril 1998, il crée la maison d'édition Largo éditions. Le titre est une allusion au film noir Key largo, avec Humphrey Bogart, et Largo renvoie aussi "au large à ailleurs". Cette ouverture sur le monde et sur le noir se retrouve dans cette maison collection Bleu nuit.
Bleu nuit : "L'atmosphère de lecture véhiculée par cette collection correspond à cet instant fragile et incertain entre jour et nuit (la rencontre de deux mondes qui se croisent) à"
Paul Aubry-Lecomte (quarante deux ans, se consacre à sa maison d'édition et à sa famille, ancien cadre dans l'agro-alimentaire) est un homme éclectique et ouvert à tout, mais il accorde une préférence au roman noir intimiste ancré dans le social, mettant en évidence les problèmes intérieurs quotidiens. Une place est accordée aux recueils de nouvelles, ce qui est rare chez les éditeurs et mérite d'être souligné. Paul Aubry-Lecomte est un homme plein de bonnes idées et, contrairement à bon nombres d'éditeurs qui font du polar pour faire du polar, il connaît bien ce milieu. Ses livres sont de moyen format et oscillent entre 65 et 85 francs ce qui, ramené au nombre de pages, est un format qualité-prix intéressant.
Les livres de la collection
Joël Mespoulède
La vie en dévers
Largo Editions, septembre 1999.
Francky et lui sont deux vieux amis d'enfance, diplômés et chômeurs,
partageant le même appartement et la même passion : l'escalade.
Ils rencontrent Marie, une adepte de l'escalade, et l'aventure démarre.
Pour pallier au manque de fric et aux entretiens d'embauche négatifs,
ils basculent dans l'illégalité. Ils commencent en se servant
de leurs talents pour pénétrer dans un entrepôt par les
toits et l'ouvrir à "des gens ayant un colis à récupérer
à l'intérieur". Puis ils décident de donner une leçon
à un "élu du peuple" fortement corrompu.
Mais là, l'accident survient et il meurt. Dès
lors, ce sera... l'escalade.
Ecrit à la première personne, ce récit donne une bonne
interprétation de la dérive des sentiments. Il montre comment
les idées et les jugements basculent, modifiant le comportement, et
amènent subrepticement au terrorisme. L'escalade, chère à
Joël Mespoulède, est également présente et tout
ceci combiné fait de ce premier roman une réussite.
Jacques Vettier
Avès Sotavento
Editions Largo, Bleu nuit, mai 1999
Bienvenue aux Caraïbes et dans leur archipel d'îles où,
au gré de la plume de Jacques Vettier, vous découvrirez l'envers
du décor, le dos de la carte postale, sombre et particulièrement
noir. Certes, le décor est beau et ensoleillé, mais vous verrez
les croyances au gadizaffé et à Baron Samedi (Avoir un bon métier)
; vous assisterez au calvaire de Violette (Les feux de l'amour) ; vous
participerez à une chasse au trésor bien particulière
(Redonda) et à bien d'autres choses encore.
Avès Sotavento est ce que j'ai lu de meilleur en nouvelles
noires dernières années. Le style, l'écriture et la diversité
de ces nouvelles en font un ouvrage d'une rare qualité.
François Braud
La soupe à la grimace
Largo éditions, mars 1999
C'est le premier recueil de nouvelles de François Braud dont on avait
pu lire la prose dans divers fanzines, revues et autres publications. On savait
que le patron des Editions La Loupiote avait du talent et ce livre ne fait
que le confirmer en mettant en évidence la qualité de son écriture
sur un ensemble de textes dont rien n'est a jeter. On y trouve dix-huit nouvelles
et je mettrai une mention particulière à Un signe, l'histoire
d'une vengeance, et à La soupe à la grimace, un problème
de pilules, de photos et d'appréciation.
Jack Ayston
Un monde hostile
Largo éditions, 1998
Benton Gellers est le prototype même du paranoïaque. Il est persuadé
que la CIA a monté un complot pour s'emparer du pouvoir, qu'il est
le seul à le savoir et qu'ils veulent le tuer. Evadé de l'hôpital
psychiatrique, cet informaticien, au QI supérieur et multiples identités,
mène une vie "assez tranquille" jusqu'au jour où il croie que
la CIA l'a retrouvé. A ce moment il pète les plombs, commence
à tuer les gens qu'il ne sent pas et déclare la guerre à
la CIA. L'inspecteur Matt Garston et l'agent spécial du FBI, un "profileur",
Walter Ventey, auront bien du mal à arrêter le dément.
C'est un bouquin assez conventionnel. L'intrigue est bien menée, dommage que les délires intérieurs de Gellers soient aussi importants en début de livre : ça n'apporte rien et ralentit le rythme du bouquin.