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l'ours-polar |
La Série Grise, Esquisse rapide d'une nouvelle collection
N'en déplaise aux sceptiques, la Série Grise, n'est pas un « nouveau concept publicitaire et marketing » lancé par Jean-Bernard Pouy (c'est tout de même mal connaître notre homme que de lancer de telles âneries, mais après tout, chacun est maître de ses opinions).
Comme tout le monde le sait, JB n'arrive pas à écrire pour les enfants « j'arrive pas à sérier mon écriture pour des 6-9 ans, des 12-15 ans » (cité de mémoire). Partant de ce constat et du fait que la littérature n'accorde aucune place aux vieux — ce n'est pas un terme péjoratif, c'est juste le vocabulaire adéquate, moins hypocrite troisième ou quatrième âge (« d'ailleurs ça veut dire quoi le troisième âge ? Cette manie de mettre des numéros partout, le deuxième sexe, le quart monde. » JB Pouy) — , Mister JB a lancé aux éditions Baleine la première collection « pour les vieux » où les protagonistes sont âgés et les histoires centrées autour d'eux. Polar, humour, fantastique... tous les styles sont permis du moment que rien n'est méchant envers « nos aînés ». Pied de nez aux livres enfants, il y a des tranches d'âge 65-78 ans, 72-83 ans, et ce sont des livres d'une centaine de pages, écrits en caractère 16.
Trois volumes sont sortis depuis avril [2000].
Le premier opus, Démons et vermeils, de Jean-Bernard Pouy, met en scène Ulysse, un conducteur de bus scolaire qui, au pied levé remplace le chauffeur du car municipal pour accompagner un voyage de personnes âgées. Ulysse est tout content « quatre jours de vacances », la mer... mais il va vite déchanter : les anciens sont redoutables et plein d'énergie ; ils ne manquent pas d'idées « dérangeantes » et la partie de plaisir sera de courte durée pour le chauffeur.
C'est du Jean-bernard Pouy et c'est bon... mais on est loin des textes très travaillés et on le regrette rapidement, tout comme les protagonistes, un peu moins rock'n roll que ce à quoi on s'attendait.
Avec Les hommes préfèrent les sondes, Francis Mizio traite un de ses sujets favoris, la science fiction (à se demander si ce n'est pas l'homme des campagnes jumelées car son Tout ce qui tombe du ciel, paru le même mois chez Mongo, traite des météorites et phénomènes inexpliqués). Karl et Bébert sont deux retraités lassés de siroter des bières en contemplant les cuisses de la banquière d'en face lorsqu'elle monte sur un tabouret pour changer les affiches de PEL. Comme ils en ont marre de médire sur les passants, ils décident de bouger et se lancent dans « La grande escroquerie ». La nuit, ils se mettent à arpenter les champs de blé de la grande, vaste et morne plaine céréalière de la Brie, bien décidés à s'offrir une « super-complémentaire »...
Francis Mizio excelle dans les textes courts. Il l'avait déjà fait remarquer avec le superbe La Cosmogonie Macroqa (éditions Treize Etrange) et Le pape de l'Art pauvre (aux défuntes éditions de La Loupiote), il le redémontre ici avec un livre plein de verve et d'humour où il se concentre sur son sujet, lui donnant rythme et corps, et fournissant un texte particulièrement abouti.
Sur la route de Bauliac, est un texte qui frise avec le surnaturel. Max Pignon, grande star du rock, est atteint d'un cancer. Pour son dernier concert, il refuse Bercy au profit de la salle des fêtes municipale de Bauliac, le village qui l'a vu grandir. Dans le train qui l'emmène hors de Paris, il serre la main à un jeune gars menotté entre deux gendarmes. Là, c'est le transfert, les destins basculent et les esprits changent de corps...
Le sujet n'est pas nouveau, mais le traitement de Mouloud Akkouche est original. Les personnages et leurs interrogations sont bien trouvés. Ce livre rompt avec le style habituel de Mouloud Akkouche, il nous dévoile un autre aspect de son talent... c'est une petite réussite.
L'Ours