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l'ours-polar |
Interview de Catherine Fradier
Catherine, le moins qu'on puisse dire, c'est que ton dossier de presse est laconique : « origine russe », « ancien gardien de la paix » ; tu peux nous en dire en dire plus sur vous ?
Je suis d'origine ukrainienne, par ma mère. Mon grand-père était cosaque du Don et a fui la Russie en 1917 par Odessa où le dernier bateau l'a emmené. Mon arrière grand-père, lui, s'est tiré une balle dans la tête quand les Bolcheviks ont poussé les grilles de la maison. Après un périple de quatre ans à travers la Syrie, la Turquie, les Carpates (où il a construit des routes), mon grand-père a débarqué à Paris où il a été chauffeur de taxi, comme l'étaient beaucoup de Russes blancs à l'époque.
Puis en 1946, il a voulu retourner au pays. Avec ma mère et ma grand-mère, ils y sont restés 10 ans. Ils ont connu les camps, la déportation en Sibérie, le régime de Staline. Ils ont quitté la Russie après la mort de Staline grâce à une grande tante, pilote de bombardier et qui, sous les ordres du général Joukov, a participé au bombardement de Berlin. Elle est l'un des 200 héros de l'Union soviétique et sa photo est affichée au Kremlin. Après la guerre, elle est devenue professeur de marxisme-léninisme à l'université de Moscou. C'était une sacrée bonne femme à ce que me raconte ma mère. Tout ça pour expliquer comment ma mère et mes grands-parents ont pu fuir l'Union soviétique en 1956. Voici un petit brin d'histoire plutôt succinct pour situer un peu mes origines.
As-tu quitté la police pour l'écriture ? D'après ce que tu dis tes livres, on pourrait croire que tu es partie par écoeurement... est-ce le cas ?
J'ai été gardien de la paix de 1982 à 1985 à Paris dans la brigade de nuit du treizième arrondissement. Pour être précise, la première femme à intégrer cette brigade de nuit (80 mecs). Alors quand je parle du machisme incurable de mes collègues, je pense avoir une vision assez juste du comportement de certains fonctionnaires.
Je n'ai pas quitté la police par écoeurement mais par amour, le père de ma fille habitait Valence, moi Paris alors j'ai fait un choix et le bon sans aucun doute possible. J'ai exercé ensuite plusieurs boulots, réceptionniste, commerciale, j'ai tenu un bar-restaurant, j'ai été secrétaire (vraiment pour résumer) et aujourd'hui je suis surveillante de nuit dans un foyer de la Sauvegarde de l'Enfance, j'écris donc la nuit sur le lieu de mon travail. J'apporte mon ordinateur portable, mes dicos, bouquins, etc.
Tu arrives au roman noir par un poulpe ; c'est encore un coup de JB ou un pur hasard ?
Je n'ai commencé à écrire qu'en 1995. J'ai commencé par écrire des nouvelles, que j'avais montrées à Jean-Jacques Reboux et Michel Chevron. Ils m'avaient fortement encouragée à poursuivre, alors j'ai pensé au roman. Je voulais écrire un polar sur fond de génocide rwandais. Mon libraire, Serge Rey, qui connaît bien J.B., m'a parlé du Poulpe, a parlé de mon projet à J.B., qui a dit OK. C'était le début de l'aventure.
A la lecture de tes livres, on sent bien que pour toi le roman noir n'est pas innocent. Penses-tu que ce soit le meilleur moyen d'expression face à tous les problèmes de société (souvent occultés, d'ailleurs) ?
Bien sûr que le roman noir n'est pas innocent, il permet de dire tant de choses. Sous le couvert d'une histoire, d'une intrigue, l'auteur raconte le monde tel qu'il, tel qu'il le voit, tel qu'il le ressent. Le roman noir est un gigantesque album-photo sur notre monde, ses travers, ses injustices, sa misère, ses abominations. Il existe des circuits d'information qui racontent ce monde-là mais le grand public n'y pas toujours accès et je pense que le roman noir permet cette information.
Ton Leitmotiv lorsque tu écris, est-ce, à l'instar de ce que dit Georgina dans Les carnassières «dénoncer c'est combattre» ?
Le monde est malade d'ignorance. On nous abreuve de reportages bidonnés, d'inepties hallucinantes, de conneries monumentales (notamment via la télé des bétonneurs, des pilleurs de flotte et des marchands d'armes) et on passe souvent à côté de choses essentielles tout simplement parce qu'on n'en a pas connaissance. Je suis abonnée à des lettres, des journaux comme Survie, Agir Ici, Liaisons-Rwanda, Maintenant, et j'y lis des choses incroyables, des choses dont on ne parle jamais dans les médias, pourquoi? Je pense que les gouvernants, les politiques, les décideurs nous prennent pour des grands enfants (ou des cons) à qui il ne faut pas tout dire et puis ils font eux-mêmes tant de choses inavouables... Raconter, expliquer, dénoncer devient alors une forme de combat.
Tes livres sont toujours très rythmés, cela correspond à ton caractère ?
A propos du rythme de mes livres, j'aime aller à l'essentiel et sans détour. C'est ma façon d'être.
Dans tous tes livres les héroïnes sont des femmes... si ça c'est pas un énoncé stupide. Bon, je reprends, les personnages principaux sont toujours féminins, pourquoi ?
Mes personnages sont toujours des femmes parce que qui mieux qu'une femme peut parler des femmes (houla! ça c'est fort...). Depuis des décennies, la place des femmes dans le roman noir ou le polar, était généralement celle de la pute, la vierge, la salope, la mère, la bonniche, la secrétaire aux jambes interminables, des rôles où elles étaient (ou sont) des objets de désir, de torture, de décoration. Et je pense que les auteurs qui sont apparus dans le genre au début des années 90 ont réhabilité cette image en mettant en scène des héroïnes, des vraies, intelligentes, courageuses, drôles, sans compromission, prenant à bras le corps leur destin et assumant leurs désirs, leurs fantasmes et leur vie. Je pense par exemple à Maud Tabachnik, Andréa H. Japp, Dominique Sylvain, Sylvie Granotier. Je n'ai pas envie d'écrire l'histoire d'un homme, des mécanismes plutôt obscurs et qui sont le propre du sexe mâle m'échappent fondamentalement. Ceci dit, j'ai écrit un Moulard et me suis glissée dans la peau d'un homme. J'ai pu le faire dans la mesure où ce personnage, dans mon épisode, aime les femmes (ou les déteste) en tant d'individus à part entière. Il n'est ni machiste, ni sexiste.
Attaquons tes livres
Un poison nommé Rwanda
Tout est axé autour de l'implication des militaires français dans le massacre au Rwanda... tu as suivi l'affaire de près ?
Au printemps 1996, je suis tombée sur un journal Maintenant et qui racontait le génocide rwandais tel que je n'en avais jamais entendu parlé, à mille lieues du serrage de pognes aux réfugiés de Goma en présence du grand Balladur et dont le prime-time nous abreuvait. J'ai réalisé alors qu'on nous prenait vraiment pour des cons (encore) et j'ai voulu en savoir plus. J'ai lu Colette Braeckman qui a une vision juste et lucide de la région des Grands Lacs, je me suis abonnée à Liaisons-Rwanda et j'ai lu tout ce que j'ai pu trouver sur le sujet. J'ai écrit ce poulpe en neuf mois; six mois de recherche sur le sujet, trois mois d'écriture. Mon livre est sorti début 1998, en pleine information parlementaire, j'avais une peur bleue, celle de m'être plantée. Apparemment non, j'ai eu de bonnes critiques dans L'Autre Afrique, Liaisons-Rwanda, La Faille (le journal anarchiste de Grenoble). Je ne suis pas historienne et avec du recul, je trouve que j'ai pris des risques à évoquer le génocides rwandais mais il faut croire que mes sources d'informations étaient bonnes.
Dans le bâton de Sobek, j'y parle du Tchad et la démarche est similaire.
Les gardiens de la paix qui jouent au tarot ou à tout autre jeu lorsqu'ils gardent un détenu à l'hôpital, voire qui l'embauchent histoire d'avoir le quatrième pour la belote... du vécu ?
J'ai souvent fait des gardes de détenus à la Pitié-Salpétrière et une fois, effectivement, on a pris pour « quatrième » un détenu. Il était incarcéré à Fresnes et de mémoire, je crois qu'il avait été condamné pour braquage de fourgon blindé. C'était un chargement de pièces de dix francs qui n'avait jamais été retrouvé, (l'homme n'avait pas avoué).
« Son pays lui manque et il sait qu'il n'a réellement de place nulle part. tel est le sort des réfugiés dispersés de par le monde, déracinés tout simplement parce que quelques-uns en ont décidé ainsi...» c'est arrivé à ta famille ?
Oui, je crois que par l'histoire de ma famille, j'ai touché du doigt ce déracinement. Je me souviens quand mon grand-père me racontait l'Ukraine, de cette lueur qu'il avait dans le regard, de cette nostalgie qui lui brisait la voix. Mon grand-père était apatride et tous les six mois, il allait pointer au commissariat. Il n'était pas malheureux en France, mais il n'était pas heureux non plus. Il avait tenté un retour au pays sous Staline mais ce fut la déportation, la faim, puis la vie en communauté dans des logements exigus. En fait il n'était à sa place nulle part. Et je crois que ce sentiment est le même pour tous ceux qui ont fui leur pays pour des raisons politiques, économiques.
Le vin, ses descriptions, son goût... cela revient souvent. Serait-ce une de tes passions ?
Oui, j'aime le vin. Petit ou grand, blanc et rouge quoiqu'un petit Bandol rosé, ça n'est pas mal du tout. Alsace, Bourgogne, Bordeaux, je les aime, peut-être avec une petite préférence pour ceux de ma région non pas par chauvinisme mais parce que je les connais mieux tout simplement.
J'ai trouvé quelques expressions, telles «alignés comme un bataillon de chasseurs alpins» ou «pour se déplacer dans cette baraque, il faut au minimum une boussole et une carte d'Etat-Major»... le métier est resté très présent chez toi ?
J'ai eu plusieurs boulots et il est vrai que celui de flic est resté très présent. J'ai surtout été très imprégnée du langage commissariat. En fait, je parle plutôt mal, j'écris comme je parle et inversement.
Les Carnassières
Les Amazones, c'est une fascination, un fantasme ?
Ni une fascination, ni un fantasme, simplement un regret. Le regret d'un temps où des femmes avaient leur vraie place. Un temps où elles étaient organisées, insoumises, fortes, indépendantes. Puis est venu l'ordre moral, ordre imposé par les hommes sous le couvert de la religion, et depuis, c'est l'enfer. Nous vivons sur une planète où il est préférable d'être homme, blanc et avec du pouvoir. Pour tous les autres, ça n'est pas vraiment la joie.
La mafia russe, tu as enquêté dessus ? Est-ce encore un pan occulté de l'histoire ? «Les russes sont des dingues, ils tuent comme ils vont pisser»... ils sont si dingues que ça ?
Oui les Russes sont des dingues, pour toutes les raisons exposées dans Les Carnassières. J'ai lu d'excellents livres sur la mafia russe, très bien documentés. Jean Ziegler évoque d'ailleurs cette extraordinaire ignorance que nous entretenons face à la mafia russe. C'est une mafia redoutable et terrifiante. En termes d'hommes, de territoires et de pouvoir, elle est au premier rang des mafias. Et les politiques, les gouvernants et les polices sont complètement dépassés par ces criminels (toutes mafias confondues) qui gangrènent la totalité de la planète.
Es-tu aussi pilote d'avion ?
Je sais piloter un avion (monomoteur bien entendu). J'ai appris à l'aéroclub de Valence. J'ai aussi sauté en parachute à St-Etienne de St-Geoirs. Je suis fascinée par l'air, l'espace, l'astrophysique, l'origine de l'univers.
Véra à un moment lit Le festin de l'araignée de Maud Tabachnik; est-ce un livre qui t'a plu ou vois-tu Maud Tabachnik en Amazone ? En parlant de lectures, quels sont tes goûts et quels auteurs t'ont incité à écrire du polar ?
J'aime les romans de Maud Tabachnik et j'aime l'auteur. C'est une femme sans compromission, une combattante, une irréductible. Si le monde était peuplé de femmes comme Maud, la condition des femmes serait bien différente. Oui, je dirais que Maud est une Amazone de notre temps et qui ne lâchera le flambeau qu'à terre, un pieu planté dans le coeur.
J'ai découvert le polar il y a cinq ans. Je ne parle pas de mes vingt ans où j'ai avalé tous les Chase et les Chandler. Et depuis cinq ans je dévore les polars. Je vais à la librairie Urubu, un spécialiste du genre et il me propose des bouquins, on en parle, on échange nos points de vue, avec lui, avec d'autres, gros lecteurs de romans noirs. On n'est pas toujours d'accord, on s'engueule parfois. J'ai constaté que les festivals étaient des lieux riches d'échanges et de discussions pour les afficionados. Il y a des romans qui m'ont fait frémir, frissonner, sourire, hurler de rire, des romans qui m'ont émue, impressionnée, révoltée, attristée. Il y a des auteurs pour qui j'ai beaucoup d'amitié, d'affection, de sympathie. Et je crois qu'il me faudrait du temps et quelques pages pour parler de chacun de ces romans, de chacun de ces auteurs.
Le Bâton de Sobek
Alors, il vient d'où ce proverbe «Le tronc a beau flotter sur l'eau, il ne sera jamais un crocodile ».
C'est un proverbe tchadien. Les proverbes que je cite, je les ai trouvés dans des recueils de contes tchadiens. Je les trouve drôles et très pertinents.
La ferme, tout ça, tu as visité ; alors les crocos, impressionnée ?
J'ai passé plusieurs journées à la Ferme aux crocodiles, j'ai visionné des cassettes, lu des bouquins. Oui, j'ai été impressionnée. Sous leur tranquillité apparente, leur indolence, les crocodiles sont des prédateurs redoutables et d'une extraordinaire vélocité. C'est une bête à la fois fascinante et terrifiante.
En parlant d'eux, ce sont des carnassiers, tu as écrit «Les carnassières»... c'est une idée fixe ?
Les crocodiles carnassiers, les Carnassières... j'écris du polar. Un genre où il est plus difficile de parler de petits lapins blancs gambadant dans la rosée fraîche du matin. Nous vivons dans un monde de prédateurs, de pourris et de corrompus, alors je parle de ce que je vois et ressens.
Pour Jotim, «un lieu, un polar», la bible du Poulpe, le personnage de Moulard... ça te botte l'écriture sous contrainte ? Tu nous prépares un petit Polar du routard ?
Non, je ne prépare pas un petit Polar de routard, ceci dit cela doit être intéressant, Hervé Mestron m'a parlé du sien et des conditions : trois semaines tous frais payés au Quebec, sympa ! Concernant le Poulpe, Noir sur Site ou Moulard, je ne parlerai pas d'écriture sous contrainte, car malgré ces contraintes apparentes, j'ai eu une totale liberté dans le choix du sujet, de l'histoire, de l'intrigue, des personnages annexes. Et puis ce sont des textes qui s'inscrivent dans une collection à laquelle participent d'autres auteurs, ce qui a un côté très convivial. Je pense notamment à la fête du Poulpe ce 22 mars où la plupart des auteurs de Baleine se sont retrouvés avec des libraires, des lecteurs, des musiciens, des peintres, des acteurs (j'en ai profité pour taper la bise à Darroussin. C'est comme ça les provinciales, un côté midinette incurable...). Pareil pour Moulard. Me trouver au salon du livre avec Reboux et Bulteau pour signer les trois premiers numéros de la collection a été un moment formidable. L'écriture est un acte très personnel, un acte solitaire et de temps à autre, rencontrer ces autres « solitaires » a du bon. Un peu le sentiment d'appartenir à une grande famille.
L'autre aspect de ces « commandes » est aussi la quasi-certitude d'être publié. Je suis une jeune auteur et quand on connaît le chemin de croix qu'est la publication d'un manuscrit, je suis très reconnaissante envers JiBé qui a publié mon premier roman, et envers Jean-Jacques Reboux et Philippe Bonifay de Jotim Editions qui m'ont proposé d'écrire un épisode pour leur collection. Je le répète, ça n'a rien de contraignant et écrire pour ces collections a été intéressant, passionnant et très gratifiant.
Pour l'inspecteur (inspectrice ?), c'est une première mission, il y a une part d'autobiographie ?
Concernant l'inspectrice de Sobek, il n'y a pas de part autobiographique. En tant que gardien de la paix, je n'ai jamais côtoyé cette fameuse «crime». Ce que j'en connais, c'est à travers les polars, les articles de journaux, les chroniques. J'ai tenu à ce que soit sa première mission pour donner à son personnage une forme d'honnêteté, de pureté, qui à mon avis s'érode dans une vie de flic. C'est un métier qui à la longue use et pervertit.
Et lorsqu'elle pense «ce type la révulsait. Elle lui aurait collé un balle dans le genou sans états d'âme»... tu as eu des idées comme ça, avec ton flingue dans les mains ?
Oui, une fois cette idée m'a traversé l'esprit. En fait c'était plutôt dans les couilles. J'étais jeune flic et une nuit, j'ai eu pour mission de chauffer (servir de chauffeur) un commandant du treizième arrondissement. Pas de bol, j'étais tombée sur un libidineux que j'ai dû conduire dans la plupart des bordels de l'arrondissement. Il y allait seul naturellement, moi j'attendais dans la voiture. Et en milieu de nuit, ce connard a eu l'idée de poser sa main sur mon genou pendant que je conduisais. J'ai pilé sur le boulevard et l'ai menacé de le ramener illico au poste pour lui coller un rapport au cul. Oui, à ce moment-là, le passage à l'acte a été limite. Bonjour la bavure!
Toute l'histoire de Luc en Afrique, c'est plus ou moins vrai ou c'est une romance ?
Luc Fougeirol, le patron de la Ferme a beaucoup voyagé en Afrique et son histoire dans Sobek si elle n'est pas tout à fait vraie, n'est pas vraiment fausse. J'ai déplacé des lieux et des personnages, mêlant fiction et réalité.
Pour les problèmes du Tchad, tu dis avoir suivi la même démarche que pour ton Poulpe ; recherches sur les problèmes au Tchad, le marché du Pétrole...) tu as un fort attrait pour l'Afrique, ça vient d'où ?
Concernant le Tchad, la politique de la France dans ce pays, le pipeline de Doba-Kribi, tout est rigoureusement vrai. Mes informations sont tirées des Dossiers noirs de la politique africaine de la France publiés par Agir Ici et Survie. Il y a quelques mois, j'ai participé à une campagne contre la construction de ce pipeline, une aberration qui ne ferait qu'endetter le pays en engraissant encore un peu plus Idriss Déby et sa bande, Elf et Bolloré. Sans parler du déplacement forcé des populations et de la catastrophe écologique. Heureusement, les groupes de pression comme Agir Ici et Survie ont permis un moratoire sur le projet. Pour l'instant, il est suspendu.
La politique françafricaine m'intéresse dans le sens où elle m'écoeure, me révolte, me fait gerber. Nos gouvernements successifs entretiennent par leurs mensonges, leur hypocrisie et leurs ronds de jambe, une perversité sans égale autour de l'Afrique. On appauvrit des peuples, on truque des élections, on entretient des dictatures et on provoque des génocides. C'est intolérable. En ce sens, le polar me permet de pousser des coups de gueule, de dire que je ne suis pas d'accord.
Plus anecdotiquement, ce portier qui s'appelle Jean-Jacques et qui écrit des polars la nuit, y'a un petit coucou à Mister Reboux ? Le portier qui s'appelle Jean-Jacques. Oui, c'est un coucou à Reboux, ça m'amuse de placer dans mes romans des personnages que je connais. Private joke.
J'ignorais que le TGV 813 était le thème du n° 64. C'est aussi le train que prennent les auteurs quand ils descendent à la Cambuse du Noir à Valence. Another private joke.
Merci bien.
Interview réalisée par Christophe Dupuis, via le mail avant la rencontre aux 40 ans de Gabriel ou Catherine fut «une bonne cliente».
La bibliographie de Catherine Fradier