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Interview
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Interview de Malte Marcus

-Comment êtes-vous arrivé à l'écriture et pourquoi avoir choisi le polar ?

Avant l'écriture, il y avait la lecture. Un très grand plaisir à lire et, assez vite, une grande envie de procurer à mon tour ce plaisir aux autres. Donc très tôt des petits bouts d'histoires, des ébauches, puis des poèmes de l'adolescence, puis des textes de chanson, jusqu'au grand saut dans le roman.

Le polar je ne l'ai pas choisi. J'ai écrit Le doigt d'Horace sans me poser la question du genre (j'avais écrit d'autres choses avant, d'un autre ordre). Il se trouve que ce bouquin, au final, avait bien l'air d'un polar et qu'il a été accepté par un éditeur de polars pour une collections de polars. Voilà.

Vous habitez Toulon, ce n'est pas trop dur la vie là-bas ?

Je n'habite pas Toulon mais La Seyne sur Mer. J'ai chaque matin et chaque soir, la Méditerranée devant les yeux. Le bleu, les barques des pêcheurs, le soleil souvent, l'horizon... C'est vrai que c'est très dur à vivre, mais on s'habitue.

Quant aux problèmes « politiques » de Toulon, auxquels vous faites peut-être allusion, je crois que les gens de l'extérieur ont trop souvent tendance à assimiler la ville entière et sa population à un ramassis de fachos, ce qui est aussi idiot et insultant que d'assimiler l'ensemble des immigrés à un fléau national...

En parlant de Toulon, que pensez-vous du poulpe de Claude Ardid?

Je n'ai pas encore lu le Poulpe de Claude Ardid, qui est un copain et m'en a gentiment fait cadeau. Merci Claude.

Dans votre bio « après avoir navigué entre rock et jazz »...pourtant les livres sont plutôt blues pourquoi ?

Je n'ai pas le sentiment que mes bouquins soient plus blues que jazz, notamment dans la construction et dans une certaine liberté que je m'octroie (les chorus après le thème). De toute façon, le jazz c'est aussi et surtout la recherche de la fameuse note bleue.

Je n'ai lu qu'une nouvelle de vous (mais je n'ai pas tout lu non plus), serait-ce un genre qui ne vous attire pas ?

Tout m'attire! Je n'ai publié à ce jour que quatre nouvelles, de ci de là, question de circonstances.

Premier polar Le doigt d'Horace.

Le Dauphin Vert, est-ce un lieu imaginaire ou connu ? Est-ce le genre d'endroit que vous appréciez?

Pas question que je vous dise si Le Dauphin Vert existe réellement ou non. Cherchez bien, et vous trouverez. Ceci dit, c'est effectivement le genre de boîte que j'apprécie.

La vie la nuit, est-ce votre idéal?

Non. La nuit me fait peur. Ce sont les matins que j'aime.

Le personnage de Mister, est-il: calqué sur un ami ou pure invention ? Et Bob ?

Si vous trouvez Le Dauphin Vert, vous trouverez Mister. Et Bob...

Le doigt d'Horace (couverture)

Vous écrivez une lettre d'amour, en avez-vous écrit beaucoup durant votre jeunesse ?

J'ai écrit quelques lettres d'amour au cours de mes tendres années (et ça a payé puisque la demoiselle a fini par m'épouser) mais on est bien trop sérieux à vingt ans pour qu'elles soient aussi drôles que dans le bouquin.

Malgré le blues et la mélancolie tout le livre est plein de petits moments drôles et satiriques... Serait-ce votre côté optimiste qui ressort ?

Optimiste, pas vraiment. Juste un peu d'humour, j'espère, et quelques coups de sang.

Alors Horace Silver "avec un seul doigt, cet homme pourrait changer le monde", c'est votre père qui disait ça ?

Mon père ne m'a jamais parlé de musique. Il m'a fait découvrir San-Antonio, c'est déjà énorme.

Deuxième polar : Le lac des Singes

On retrouve Mister, ce qui n'est pas pour déplaire, car ce gars est sympathique. Mais, pourquoi le faites-vous réapparaître ?

Mister réapparaît car il me semblait être l'homme idéal pour la situation.

Il y a encore un taxi comme personnage principal, feriez vous un blocage sur les taxis ?

Ne traitez jamais Bob de chauffeur de taxi, même s'il en a toutes les apparences, vous lui feriez beaucoup de peine. Je connais malgré tout quelques taxis sympas. Au moins trois. Non, deux.

Evian, Le Lac Léman, serait-ce un endroit qui vous attire ?

Evian est un endroit aussi attirant que Vittel, ou Vichy, ou les volcans d'Auvergne. Idéal pour un tueur en série.

Dans la confession du meurtrier, son journal, le texte est vraiment «célinien», est-ce un hommage à Louis Ferdinand Céline ? En parlant d'hommage, avec 11275 fragments d'âmes, on ne peut pas douter de celui à Jim Thompson ? D'ailleurs quels sont vos auteurs de prédilection ?

S'il y a hommage à Céline, il est involontaire. Mais je me rends compte grâce à vous que ce roman aurait pu s'intituler Mort à crédit ou Voyage au bout de la nuit. Trop tard. Clin d'oeil à Thompson, ça oui. Pardon, mais j'ignore volontairement la question : auteurs de prédilection.

La scène d'hypnose du magicien, vous avez assisté à ce genre de spectacle ? Seriez-vous amateur de choses de ce style ?

Mon père avait un ami hypnotiseur-prestidigitateur. Ce type avait un regard qui m'a profondément marqué dans mon enfance.

Vous n'êtes pas très tendre avec le milieu du jeu de hasard, auriez-vous une dent contre ?

Plus ça va, et plus j'ai une dent contre tout ce qui brasse trop de fric et trop facilement.

Troisième polar : Carnage constellation

C'est un livre beaucoup plus noir que les autres, pourquoi ?

Si la question est : Pourquoi j'ai écrit un livre plus noir ? La réponse est : Je n'en sais rien.

Comment vous est venu le personnage de Césaria ? Et cette histoire d'amour, sublime, entre deux personnages que tout sépare ?

Même réponse. J'ignore d'où vient Césaria, comme les autres personnages, comme l'histoire, comme tout le reste. Et je ne tiens pas vraiment à le savoir.

Le poème de Lamartine « Jocelyn » est-il à la base du livre ?

A la base de tous mes bouquins, il n'y a qu'un écran noir, ou une page blanche, et un type assis devant avec juste cette foutue envie d'écrire. C'est tout. Le poème de Lamartine m'a semblé s'accorder très bien avec le reste, comme le Cantique des Cantiques ou l'Eté indien.

Joe Dassin « l'été indien » est-ce une chanson qui vous a marqué ?

Joe Dassin fut un temps mon chanteur préféré, j'avais sept ou huit ans. Mais sa chanson a essentiellement marqué Césaria. Et, contrairement à ce que certains pourraient croire, Césaria ce n'est pas moi.

"Squizz la souris", ça revient plusieurs fois dans le livre, c'est quoi ce délire ?

Squizz la souris. Vous connaissez pas Squizz la souris?... Et Slatch le miaou? Et Steg le tigre? Et Smatch le renard? Et Skippy le kangourou?... Ah, si! Çui-là...

Un détour avec Le poulpe et « Le vrai con maltais »

Le Poulpe, c'est un personnage qui vous a inspiré ?

Disons que l'expérience, nouvelle pour moi, d'écrire quelque chose sous une certaine contrainte me tentait. Le Poulpe s'y prêtait très bien. Personnage intéressant, qui m'inspire lorsque l'auteur qui le fait vivre est lui-même un peu inspiré.

Le vrai con maltais (couverture)

Avec un titre pareil, on ne peut louper l'hommage à Hammett. Alors, Hammett, un de vos pères en littérature ?

 Plutôt qu'hommage, je préfère dire clin d'oeil. Gaffe, c'est presque un tic chez moi. Surtout l'oeil droit. Quitte à faire bondir ma chère Nathalie Beunat (et d'autres), Hammet, pour moi, c'est un peu : J'ai rien compris mais c'est beau...

Il y a un tueur qui ne cesse de déclamer ses recettes de cuisine, vous avez déjà croisé un gars comme lui ?

 Non. Mais j'ai déjà vu à la télé une grosse cuisinière qui ne cesse de déclamer ses mille et une façons de tuer.

Merci bien

(Interview réalisée par Christophe Dupuis via La Poste)

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