Interview de Franck Resplandy

J'ai trouvé votre poulpe sulfureux et intéressant. Mais c'est vraiment dommage que des facilités et quelques situations résolues un peu trop facilement viennent gâcher l'ensemble... qui aurait pu être sacrément détonnant. Ne boudons pas pour autant notre plaisir et embrayons sur les questions :

On sent votre livre sacrément documenté et on y voit une véritable rage et une envie forte de dénoncer. Quel a été votre parcours pour arriver à ce livre ?

C'est la première fois, et sans doute la dernière que je m'intéresse aux porcheries industrielles mais je ne voulais pas manquer l'occasion de me payer la FNSEA et ses gros cons de chasseurs de primes.

Le bilan sur la situation écologique de la région (pages 71 à 73)... quel degré de vérité ?

Je rapporte l'exacte vérité de 1996 (période d'écriture du livre) car entre-temps, la situation s'est encore aggravée.

Vous y allez fort en citant directement la FNSEA, Le Crédit Agricole... vous ne craignez pas un procès ou une « bonne correction » comme visiblement ils ont l'habitude de faire ?

Ca ferait une bonne pub au bouquin... Je demande seulement à leurs gros bras de m'affronter à la loyale (un contre un, pas de fourche ni de pesticides).

C'est un tel enfer la Bretagne en ce moment ?

Non, c'est même le seul vrai problème (avec les bordées du samedi soir...) mais il faut avouer qu'il est de taille.

Les noms du poulpe "Bakouninec", "Proudhonez"... vous vous êtes bien amusé ?

Une pincée de références anarchistes (à la sauce armoricaine) ne saurait effaroucher le Poulpe ni ses supporters.

Frank Resplandy © Baleine Chacal

C'est quoi votre délire avec Julien Lepers et « Question pour un jambon » ?

Je ne suis pas un défenseur de la veuve et l'orphelin, eût-elle un joli minois ou fussé-je pédophile. Mon but est certes d'alarmer, de dénoncer mais il est aussi d'amuser, d'où « Questions pour un jambon » et autres âneries.

Enfin, dans votre bibliographie, j'ai vu deux autres livres... du polar ? Si non, comment êtes-vous arrivé au polar et comptez-vous y rester?

Mon premier livre, un dictionnaire humoristique, a été honteusement pilonné en 1997. Ex Corpore (Editions Pétrelle), autre livre actuellement en librairie est un roman « blanc » — mais sombre — ; c'est de loin le livre qui compte le plus pour moi. Je ne suis pas un polardeux militant, plutôt un compagnon de route. J'y reviendrai sans doute un jour avec plaisir.

Merci

Interview réalisée par Christophe Dupuis

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