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Chronique cinéma

par Ludovic Lamarque

Memento | The Cell

MEMENTO

Que feriez-vous si vous ne vous souveniez pas de ce que vous avez fait il y a un quart d'heure ? C'est le point de départ de Memento. Le meurtre  de sa femme a fait perdre la mémoire immédiate à Leonard Shelby. Dès lors il n'a plus qu'une idée: se venger et tuer un certain John G. Son ultime souvenir ? Un clignement d'oeil de sa femme violée, enveloppée dans le rideau de douche. Le réalisateur Christopher Nolan adore le film noir et  nous le prouve; il utilise des flashes-back en noir et blanc qui jalonnent le film et qui servent de repères aux spectateurs pour ne pas perdre le fil, filme la ville — les bars, les endroits isolés et désaffectés. Cet exercice de style est un bel hommage au genre dans ce refus de construire un récit linéaire. Mais c' est dans la chair qu'il travaille surtout ; ce que le cerveau de Shelby ne peut plus contenir, c'est son corps qui va l'absorber. Il faut le voir avec une aiguille à coudre et l'encre d' un stylo bic se tatouer des indices sur la cuisse. Son corps est un pense-bête mais le mènera-t-il à la vérité pour autant ? Guy Pearce — on l'a vu dans L.A Confidential — finit par ressembler à Robert de Niro dans  ce film de Martin Scorsese, mais si ce film, vous ne vous souvenez pas ? Son personnage entretient aussi des rapports avec le Mickey Rourke d'Angel Heart, vous verrez. Shelby est armé d'un polaroïd caché sous sa veste comme aide-mémoire et shoote les gens qu'il croise, le motel où il loue une chambre, puisqu'il ne peut  faire confiance à personne- même pas à lui. Cette paranoïa, Cette solitude, Nolan nous les transmet, le doute s'installe quant aux réelles intentions et la véritable identité de Shelby, le suspense aussi, jusqu'à la fin, vertigineuse. Expérience rare.  Comme moi, faites vous rembobiner par Memento. Où en étais-je ?

MEMENTO (USA-2000) avec Guy Pearce -  Carrie-Anne Moss – Joe Pantoliano – Mark Boone Junior. Photographie de Wally Pfister. Musique de David Julyan. Scénario de Christopher Nolan d'après la nouvelle de Jonathan Nolan. Produit par Suzanne & Jennifer Todd. Réalisé par Christopher Nolan

THE CELL

Après avoir traqué du serial killer un peu partout dans la ville, sous la pluie ou en plein désert, souvent à deux, Hollywood va  le débusquer dans sa... tronche. Que peut-il bien s'y passer là-dedans ? C 'est ce que va tenter de découvrir Catherine Deane (Jennifer Lopez) pédospychiatre de son état pour retrouver l'endroit où est retenue prisonnière la dernière victime de Carl Stargher (Vincent d'Onofrio), qui a la fâcheuse manie d'enfermer de jeunes femmes dans une cellule et de les regarder se noyer, puis de se masturber au-dessus de leur cadavre maquillé en poupée. Elle ne tarde pas à découvrir que le pauvre SK a été traumatisé durant son enfance par un père sadique et violent, c'est un peu facile  et surtout déjà vu. Jennifer Lopez est loin d'avoir le talent et le charme de la Jodie Foste du Silence des Agneaux. Quant à Vincent D'onofrio, habitué aux rôles de dingues depuis Full Metal Jacket et Men in Black-il accueillait déjà dans son corps un ET-il est plus pathétique que réellement inquiétant, surtout quand il enfile les créations de la costumière du Dracula de Coppola (celui que porte JL ressemble beaucoup à l'armure de Gary Oldman.) Tous ses costumes ont l'air d'avoir été volés sur les plateaux de Priscilla folle du désert et d' Alice au pays des merveilles. Le scénariste semble avoir plagié un peu partout lui aussi, chez Clive Barker et son Hellraiser pour les séquences sado-maso, X-files pour l'intrigue, David Cronenberg pour la folie onirique. La scène où Catherine Deane est suspendue dans le vide par des câbles fait pendant bien sûr à celle où Carl Stargher  s'envoie en l'air avec des crochets, mais renvoie directement à un film de Crichton  vieux de vingt ans, la Variété Andromède. Plagiat ou hommage ? Mais que reste-t-il  à Tarsem Singh ? Le metteur en scène d'origine indienne vient du clip et ça se voit. Un sens du cadrage et de l'espace  parfaits, une caméra fluide qui voyage dans un scope superbe, une astucieuse utilisation du montage parallèle( deux actions se déroulant en même temps mais dans deux lieux différents)mêlant rêve et réalité. Mais toutes ses qualités sont autant de défauts; les scènes se déroulant dans la tête du SK font trop penser à un clip, impression renforcée par des décors trop baroques dont l'esthétique est proche de la BD et du jeu vidéo ; Singh utilise une actrice qui chante — JL a très peu de dialogues. On peut se prendre à rêver sur ce qu'aurait pu donner le film avec David Fincher aux commandes. Lui aussi vient du clip mais là s'arrête la comparaison. Dommage.

THE CELL (USA-2000) avec Jennifer Lopez - Vincent d'Onofrio - Vince Vaughn - Jake Weber - Marianne Jean-Baptiste - Dylan Baker - Patrick Bauchau - Pruitt Taylor Vince. Photographie de Paul Laufer. Musique de Howard Shore. Scénario de Mark Protosevich. Produit par Julio Caro et Eric Mc Leod. Réalisé par Tarsem Singh.

Ludovic Lamarque

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