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Critiques de livres
l'ours-polar

Anthony Frewin
London blues
Serpent à Plume, coll. Serpent Noir n° 8.

Alors qu'il se délecte à l'idée de visionner un film qu'il aime particulièrement, La Loi du milieu (particulièrement bien nommé, vous verrez par la suite !) réalisé par Mike Hodges avec dans le rôle principal Michael Caine, le narrateur se voit frustré en cours de projection. Une partie de la cassette a été occultée et à la place il peut voir un petit film muet, noir et blanc, réalisé au début des années soixante avec des acteurs inconnus qui s'ils prennent leur rôle au sérieux, ont parfois l'air de s'ennuyer dans ce qu'ils font. Un film X, tourné dans le plus simple appareil au point de vue décor et scénario.Qu'est devenu le réalisateur de ces petites fantaisies sexuelles ? Le narrateur part à sa recherche, interroge ceux qui l'ont côtoyé à cette époque. Mais le cinéaste a disparu un beau jour et depuis il n'a plus jamais fait parler de lui. Pourquoi ? 
En réponse à ces questions l'auteur enchâsse le récit de Tim Purdom, le metteur en scène-photographe-réalisateur de ces bijoux, entre deux parties qui servent de présentation et d'épilogue. Le lecteur peut alors suivre le parcours de Tim, son arrivée à Londres, son amour pour le jazz, ses débuts dans la vie professionnelle et amoureuse et comment il est amené d'abord à se servir de son appareil photo puis d'une caméra afin de se faire un peu d'argent de poche supplémentaire. Rien que de très banal, sexe, alcool et drogue, jusqu'au jour où tout va mal. Ses talents ont servi à alimenter une fumeuse magouille politique.

Un roman bizarre et prenant car l'on se demande bien jusqu'où veut nous emmener l'auteur, quel est son propos, où réside l'intrigue, puis d'un seul coup tout se décante et pour ceux qui ont vécu cette époque, il s'agit d'un éclairage nouveau sur la fameuse affaire Profumo qui défraya les chroniques. Une affaire de moeurs impliquant un ministre britannique, une prostituée, la sécurité nationale, le tout sur fond de guerre froide. Assistant-réalisateur, ayant travaillé avec Stanley Kubrik, Anthony Frewin a écrit son roman, tout au moins les deux parties qui englobent le récit de Purdom, comme s'il avait réalisé des plans cinématographiques. Scènes courtes, dialogues incisifs, description du décor ou du jeu des acteurs, comme s'il tenait une caméra au lieu d'un stylo. Un très bon roman, un peu déroutant au début mais qui prend toute sa force au fur et à mesure que l'histoire se précise.


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