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Critiques de livres
l'ours-polar

Roger Martin
Main basse sur Orange
Calman Lévy, septembre 1998.

18 juin 1995, malgré 64% de bulletins contre, le front national emporte la ville d'Orange, avec seulement quatre-vingt-sept voies d'avance. La triangulaire de ce second tour des élections a servi celui qui allait devenir le nouveau maire : Jacques Bompard.
Dès lors, le slogan préféré des frontistes « mains propres tête haute » va voler en éclat. Bompard va tout faire pour balayer ceux qui, de près ou de loin, ne sont pas de son avis. Il va commencer par une « purge » dans le personnel municipal, pour pouvoir placer ses gens « surs ». Une trentaine de gêneurs sont visés, qu'il fera partir par le harcèlement, la morgue, l'intimidation, les changements de postes abusifs, les agressions verbales, les menaces. Qu'importe les exorbitantes indemnités chômage qu'il doit verser. Il met au pas le personnel, lamine le social et le culturel « le cadet de ses soucis  », flingue les structures qui lui sont hostiles pour les remplacer par d'autres dévouées à sa personne. Il casse toutes les associations qu'il n'arrive pas à contrôler si possible en salissant les personnes qui les dirigent « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelques chose ». Pour lui il faut anéantir la « bande des quatre » (profs, journalistes, syndicats et francs-maçons). Il noyaute le système, ne cessant de placer famille, amis ou relations louches quel que soit leur degré d'incompétence en la matière. Avec des procédés ignobles, le bulletin de la mairie transformé en brûlot de la propagande et les dazibaos diffamants placardés devant la mairie, Bompard tente d'apposer sa patte brune sur toutes les activités de la ville, même si elles ne sont pas de son ressort.

Roger Martin a eu le mérite de publier cette enquête de plus de 250 pages, qui montre tout le parcours de Bompard depuis son élection. Ce travail minutieux, précis, doit être absolument lu. On ressort choqué de cette descente dans les arcanes du pouvoir bompartiste où tout est bon pour que le maire puisse assouvir son bon vouloir (y compris les menaces de mort émanant de mauvais tracts obscènes signés de croix gammées). Face à ceci, Roger Martin a eu le courage de sortir ce livre, le moins à faire pour soutenir une telle action est de l'acheter.


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