SIX-PACK Alain Berberian, réalisateur connu pour des nanars de comédie
adaptant L'ambition D'après le motard barbu (comprenez, J-H Oppel), le «
vrai truc de Berberian, c'est le polar. Il a voulu relancer le genre dans
le cinéma français en adaptant Six-Pack ». Carrément.
Ce film de traque de serial killer, un thème usé jusqu'à
la corde qu'Oppel avait su relever avec brio, ce qui n'est pas peu dire
et de collaboration de services Français et Américains
est-il à la hauteur de cette ambition ? On ira pas jusque là,
mais comme le dit toujours le principal intéressé (par le
succès espéré qui rejaillirait sur des ventes en librairie)
« c'est pas un chef d'oeuvre, mais c'est un bon thriller français
qui n'a pas a rougir des américains ».
Par rapport au bouquin En fait, Berberian n'a pas pris trop de risques. Il a collé de
façon extrême au roman. Tout amateur pointu du style et de
l'humour « oppelliens » remarquera même ça
et là des dialogues originaux repris in extenso. Des changements
par rapport à l'original : Berberian a raccourci l'épisode
entre le flic américain et le français, c'est dommage mais
ça tient. Il a aussi ajouté une scène ou deux qui
ne sont pas dans le bouquin mais tellement bien La distribution Côté distribution, la « chèvre » est jouée par Chiara Mastroianni (craquante affolée) et le lieutenant est Riefenstahl (ou ce genre de nom), le jeune acteur pas mauvais du tout qui joue dans les films de Rochant. Le SK est un acteur britannique dont j'ai oublié le nom mais qui se révèle être génial. Il dit un seul mot dans tout le film et joue tout sur sa gueule laquelle est incroyablement malsaine. (Bref le méchant est réussi donc le film est réussi, disait Hitchcock). Il y a un acteur inconnu incroyable en fait un réel détenu canadien! qui joue le SK « Daddy Harry » dans la scène de rencontre dans la prison canadienne (scène écho à celle du Silence des Agneaux entre Hannibal et Jodie),. Le type est absolument saisissant. On ne le voit que quelques minutes, mais c'est du grand trouble. Un dernier détail sur la distribution : Bernard Fresson qui y joue un micro-rôle est, le pauvre, visiblement bon pour la réforme, l'âge aidant. Mais, lorsque on sait de qui s'inspire son personnage (de Stéphane Bourgoin, le fameux libraire parisien, écrivain et spécialiste des serial-killers) on est quelque peu hilare. Une faute de goût qui amusera les happy-few. La réalisation D'un rythme bien enlevé, ce film embarque malgré les grosses
ficelles qui passent mieux par écrit grâce au talent d'Oppel
et somme toute, on passe un bon moment de cinéma, car c'est correctement
glauque et speedé. Pas de gore, pas de complaisance. Lumière
très léchée et décors Le générique est même un modèle du genre
; de ceux qui vous installent le malaise alors que le film commence à
peine. On pense au générique de Seven, c'est dire, alors
qu'il n'y a pourtant absolument aucune ressemblance. Disons que pour celui
Six-Pack, on voit évoluer des Berberian a déniché des endroits impossibles, même plutôt surréalistes, pour situer la grande scène de final. qui elle vaut le détour. Le bilan : faut-il y aller ? Va-t-il relancer le cinéma de polar français ? Répétons-nous : dans Six Pack, Oppel avait volontairement
pompé tout les clichetons du film de SK ou du polar au cinéma
(fête foraine, SK dans sa cellule et on en passe des tonnes) et les
avait refourgué à sa sauce : ça fonctionnait très
bien. Heureusement, suivant le Motard Barbu sur ce fil raide, Berberian
n'a pas trébuché. Au point que même en ayant conscience
des grosses ficelles, on ne les voit pas, quand on ne les accepte pas avec
plaisir ! Alors ? Alors dans un paysage de polar français annihilé
(kesse qu'il y a eu depuis à part L627 et Le Cousin
? Scènes de crime ? ) ce truc très honnête est
une bonne nouvelle. Pour une fois ce n'est pas du téléfilm
et ce n'est pas non plus un plagiat des studios américains (non,
tout ne s'arrange pas à la fin à l'américaine !).
Les 60 patates de budget se voient sans ostentation ni effets superfétatoires.
Bref, Six Pack est un bon Francis Mizio envoyé spécial de Grandpuits
Bailly Carrois, le « Cannes des champs de betteraves ».
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