Présentation de Salah Guemriche

par Hubert Artus

Salah Guemriche est Algérien et vit en France depuis 1976. Il est journaliste et écrivain ; c'est là son premier « noir ». Il a auparavant écrit Alphabétiser le silence, un recueil de poèmes publié par les Editions Anal à Alger en 1986, Sapho, une biographie de la belle chanteuse parue en 1988 chez Seghers, Un amour de djihad, roman historique sur la bataille de Poitiers (Balland 1995), et en mai dernier sortait chez Rivages/Noir le très beau L'homme de la première phrase, livre avec lequel il subit ce qui pourrait ressembler à une très sale histoire, comme on s'en apercevra en fin d'article. Précisons qu'il convient de ne rien juger définitivement sur cette affaire : l'auteur a ses preuves, mais rien n'est statué.

Tout part d'une idée superbe: écrire un livre qui parle à la fois de la beauté de la littérature et de la fatalité, de la tristesse de l'exil. Evidemment, certains y avaient déjà pensé (Du Bellay, Ronsard...).

L'homme de la première phrase est l'histoire d'un homme qui, en Algérie, écrit un livre qu'il intitule L'homme de la première phrase, avec la même idée que Guemriche dans la réalité. Il y aura sur ce manuscrit une malédiction qu'on ne révèlera pas. L'auteur, Youssef, vient quand même à Paris, rencontre des éditeurs qui trouvent l'idée géniale, et il est édité. Pendant ce temps, Youssef croise une copie du FN, Vigipirate, des Pieds-Noirs...et toute la haine et la dureté que peut éprouver un exilé algérien.

Toute la belle brutalité de L'Homme est de réussir à traiter ces injustices avec une verve dénonciatrice, « militantiquement » informative, de nous servir ça dans une poésie sensible, désespérée et déchirante, pour ce qui est des faits racontés. Mais il y a une dimension supérieure encore dans ce roman; un propos permanent : l'amour est pour tout le monde, l'horizon et son soleil sont toujours à portée d'oeil et de coeur; une force sous-jacente: on peut très bien être à la fois heureux et malheureux, une espèce de haine luisante, d'humanisme saudade...

L'interview

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