retour a l'accueil accueil -> auteurs -> jacques vettier [3/3]

Interview
l'ours-polar

Nouvel interview de Jacques Vettier

Au sujet de...

  La petite marchande de doses- [Critique de l'Ours]

Visiblement, vous semblez bien connaître la voile. Et vous êtes un adepte de la plongée sous-marine alors Jacques Vettier, seriez-vous un « homme d'eau » ?

On peut le dire. Tout petit déjà je traînais dans ou le long des ruisseaux, des rivières et des étangs.

Vettier : La petite marchande de dose (couverture)

Avez-vous eu affaire au service d'ordre des Anges, qui protège les commerces ?

Pas directement. Mais autour de la Marina, suite à une série de braquages de restaurants, les commerçants ont embauché des vigiles pour surveiller le secteur le soir. Les touristes pensent qu'il surveillent leurs voitures, eh bien, pas seulement...

Avec vos droits d'auteur, avez-vous envisagé d'acheter un voilier pour la « défiscalisation » ?

Mes droits d'auteurs me permettent de remplir le réservoir d'un bateau, à condition de ne pas sortir tous les jours et de ne pas trop pousser les gaz. Pour situer brièvement la défisc : c'est pouvoir payer 50 % d'un bateau neuf avec ses impôts (ces 50 % étant répartis sur cinq ans). Un bateau digne de ce nom, c'est cent briques mini. Soit cinquante à récupérer. Soit cent mille francs par an. Si vous payez moins de cent mille francs par an d'impôts (impôts, pas revenu imposable), ça perd beaucoup de son intérêt.

Avès Sotavento -[Critique de l'Ours]

Vous démystifiez le gadézaffé et Baron samedi. La croyance en eux  est-elle forte ?

J'ai utilisé « Baron Samedi » parce que c'est un personnage qui « parle » aux européens (beaucoup ont vu James Bond, ou lu un bouquin ou il était présent). Le Baron Samedi fait partie du vaudou haïtien. Gadézaffé est un terme guadeloupéen (créole) pour, disons, sorcier, jeteur de sort (le gars des affaires, ou le regardeur d'affaires). Le surnaturel en général est quelque chose de très fort et de très présent ici. De même, les sectes de tout poil font recette, catholiques, adventistes du septième jour ou de la semaine des quatre jeudi, témoins de Jéhovah, etc. Je crois que le rapport nombre de sectes-nombre d'habitants est dix fois supérieur à celui de la métropole. L'anecdote du gadézaffé faux sorcier vrai tueur à gages est authentique et guadeloupéenne.

La poste de Redonda, y apportez-vous votre courrier ?

J'ai toute confiance dans notre Poste à nous, môssieur!

Il y a-t-il beaucoup de clandestin entre La Dominique et La Guadeloupe ?

Oui. La Dominique n'est qu'à une vingtaine de milles de la Guadeloupe au plus court et à une quarantaine au plus long. Le rivage est trop vaste pour pouvoir être surveillé.La différence de niveau de vie trop importante pour qu'il en soit autrement. Il y a aussi une immigration en provenance d'Haïti.

Si un jour je viens vous voir et que je suis extrêmement sage, vous m'emmènerez à Avès Sotavento ?

Volontiers ; il faudra tout de même disposer d'un bon bateau, c'est un voyage d'une semaine (à l'aller).

Aves satavento par Chloé
Aves Satavento par Chloé

Nécroprocesseurs- [Critique de l'Ours]

Vous vous attaquez au genre difficile du thriller, pourquoi ?

Heu... très franchement, je n'ai pas eu l'impression ni l'intention de m'attaquer à un genre différent de mes précédents bouquins. C'est vrai qu'il est plus dur que les autres, plus noir peut-être, voire plus angoissant, mais ce n'était pas une volonté délibérée au départ, c'est la conduite de l'histoire qui l'a imposé.

Vous citez un livre, « Les sept piliers de la sagesse » (que d'ailleurs on retrouve dans les bagages du Poulpe), est-ce un de vos livres de prédilection?

C'est un livre que j'ai lu il y a longtemps, et que j'avais aimé. Il parle de grands espaces, de révolution, d'erreurs.

Et, en parlant de ça, quelles sont vos lectures ?

Assez variées, avec une dominante polars. Et parmi ceux-ci, plutôt le noir. J'ai lu pas mal de whodunit, mais je n'en lis plus. Je lis aussi beaucoup de doc techniques, sur les moteurs marins et la fabrication de mélanges gazeux respirables!

L'intrigue se passe au Québec dont vous sembler maîtriser « les expressions du cru ». Est-ce un travail de recherche ou connaissez-vous bien le pays ?

J'ai passé en tout et pour tout cinq ou six semaines au Québec. Les expressions du cru, il suffit d'un peu d'attention pour les retenir, elles viennent pour la plupart du français, c'est simple. Et puis les québécois sont des gens accueillants qui aiment parler de leur pays, là encore il suffit d'écouter. Lors de mes voyages, j'ai noués des contacts et j'ai parfois mis ces relations à contribution lorsque j'avais un « trou ». Internet permet aussi de dialoguer avec des québécois, ils (elles) sont très présent(e)s sur le Net (et pour moi facilement car nous sommes sur le même fuseau horaire). La profusion de sites québécois, par exemple celui du SPCUM, offre de quoi se documenter sans problèmes.

Tout se déroule autour d'Internet et du chat'. Etes vous un adepte de ce mode de communication (ce qui doit bien servir quand on est « sur les  îles ») ?

Je me sers beaucoup d'Internet qui est en effet pratique quand on est sur une île (ou qu'on travaille avec les USA ou le Canada pour qui Internet est devenu un moyen de communication ordinaire). Les chat', c'est quelque chose que j'ai pratiqué lorsque j'ai découvert Internet. Les dialogues me fascinaient, la facilité avec laquelle les gens se livraient, ce qu'on pouvait deviner entre les lignes. Je dois dire que depuis je ne pratique plus guère. Lassitude sans doute. Facture téléphonique, aussi, peut-être.

Europol, vous connaissez bien ou est-ce juste un travail de recherches ?

En 1996, j'avais rencontré à Paris un commissaire d'Europol venu donner une conférence à l'école de la magistrature. (C'est un exemple de la part de mon épouse dans mon travail !) Depuis, j'ai constaté qu'Europol avait un site web consultable par tout un chacun. Europol est un service à peu près inconnu des « non spécialistes », en perpétuelle évolution, la manière dont je le décris dans Nécroprocesseurs frise l'anticipation (la frisait en 1998, moins maintenant). S'il a peu ou prou vocation d'être une sorte de FBI européen, il est encore loin de l'être. Dans le roman, je n'entre pas trop dans le détail de son fonctionnement, parce qu'il aurait été beaucoup question d'accords européens et autres directives (ce qu'on peut constater sur le site), passionnant si l'on s'intéresse à la construction de l'Europe, gonflant dans le cas contraire.

Vous abordez le thème du snuff movie est-ce un « effet de mode » ?

Jean-Hugues Oppel répondrait (j'espère!) : « Non, c'est l'époque ». Il ne faut pas oublier qu'entre le commencement de la rédaction d'un roman et sa sortie en librairie, souvent plusieurs années s'écoulent. La « mode » est infiniment plus rapide. Reste que le « snuff » touche à ce qui est sans doute Le tabou de nos sociétés, la torture et le meurtre pour le simple plaisir de. Les jeux du cirque avec arrêt sur image. Pour un romancier, c'est bien évidemment un « sujet en or », mais vous m'accorderez que dans Nécroprocesseurs il est plus un moyen qu'une fin. Et que les scènes vraiment dures sont davantage suggérées que décrites. Etaler de la boucherie n'était pas mon propos, ça ne m'intéresse pas et c'est au demeurant assez facile. Plus que (en ce qui me concerne, mais aussi les quelques auteurs avec qui j'en ai discuté), par exemple, une scène d'amour physique. Il n'y a que dans Nécroprocesseurs que j'ai réussi à en placer deux ou trois; jusque là mes tentatives dans ce domaine n'arrivaient qu'à faire hurler de rire mon éditrice, c'est très vexant, je vous assure.

La fin du roman est « ouverte ». Est-ce pour vous ménager une suite ?

Non. C'est la fin logique d'une histoire sans fin. Tout autre final, happy-end ou son contraire, serait artificiel. Et une suite risquerait de gâcher celui-là.

Sous les nuées vertes -[Critique de l'Ours]

Comment êtes vous arrivé à la SF ?

Je ne sais pas, je n'en lis pourtant pas énormément, je crois que c'est le côté liberté totale qui m'a attiré, pouvoir tout imaginer. En fait, c'est un piège. Devoir tout inventer et que cela tienne la route s'est avéré nettement, mais alors très nettement plus difficile que je le pensais. (au passage, ça permet d'apprécier à quel point les grands de la SF le sont) Du coup, j'ai utilisé pas mal de trucs piqués dans le passé plus ou moins proche : les femmes interdites de travail, Hitler l'a fait (et Le Pen en parle) ; les armes décrites (gyrojet) ont été développées dans les années 60/70 (abandonnées depuis ?), idem pour les véhicule à turbine ; le coup des bouts de viande à la toxicité testés par les « sans revenus » est extrapolée de la méthode néo-calédonienne pour détecter la présence de ciguatéra dans le poisson (on donne un bout de poisson au chat, si le chat crève, on jette le poisson). Quant aux Colré, ils font penser aux kibboutz ou aux kolkhoz (et, un peu, aux paysans décrits par Silverberg dans Les Monades Urbaines). J'aimerai bien écrire une histoire de vampires, aussi. Le mythe me plaît. J'y cogite, mais pour l'instant vasouille...

Vettier : Sous les nuées vertes (couverture)

Un poulpe, un macno, des allusions à Larschmütz, un clin d'oeil au poulpe dans Avès Sotavento... vous couchez pour publier à la Baleine ?

J.-B. est charmant, mais bon... Je cite un Larschmutz dans Macno, parce que la bible de Macno écrite par Jean-Bernard Pouy précise que : « Le principe de Macno fut énoncé la première fois dans le rapport Larschmutz. Un savant qui peu après disparut. Certains le prétendent mort, d'autres qu'il est... ». (je cite de mémoire, c'est pas à la virgule près) L'idée d'une nouvelle avec un Poulpe sauce locale m'est venue peu après que Baleine avait déposé le bilan. Il courrait pas mal de bruits à l'époque, pas toujours agréables, pas toujours justifiés. Le Chatrou a été ma façon de saluer Le Poulpe à un moment où sa disparition était possible sinon probable.

Auriez-vous envie de voir un coucher de soleil sous les nuées vertes ?

Pas des masses. Par contre, le rayon vert, oui, ça c'est chouette.

Toujours pour votre portrait : si vous avez deux ou trois photos qui changent de celles du dossier de presse (en particulier chez Métailié,  vous avez l'air triste), je suis preneur.

Si celle visible sur http://www.terresdecrivains.com convient, je peux la faire retirer et vous l'envoyer. Sinon, j'ai pas grand chose d'autre... Cette photo est il me semble plus petite mais plus nette sur http://w1.neuronnexion.fr/~bthierry/lecoindupolar/main.htm

 


Quelques bons Liens : 

Interview sur Polar Web (1997)
Critiques (Juge et Partie, Nécroprocesseurs, Avès Sotavento)
Lui aussi, a passé un sale quart d'heure !
Bien sûr, j'ai honte
Bio-bliographie
Interview sur Nécroprocesseurs
Nécroprocesseurs sur Le Coin du Polar (Salon de lecture)
Nécroprocesseurs : Critique sur Libé
Avoir un bon Métier... (nouvelle)

l'ours-polar©2025 | accueil | haut de page