retour a l'accueil accueil -> chronique bd n° 10 (suite)

Les lectures BD de Stéfan
l'ours-polar

Le coin du buleur

par Christophe

D'abord un grand merci aux lecteurs attentifs et toutes nos excuses à Mister Ptoma (qui nous a fourni quelques magnifiques illustrations pour ce numéro). Dans L'Ours n° 8, nous avions fait un portrait de la collection « Petits meurtres » où il était indiqué que deux titres étaient chroniqués dans le n° 6... et c'était pas le cas. Erreur de maquette ou omission, on ne parlait pas de réminiscences, ce qui est corrigé aujourd'hui.

- Réminiscences
Scénario & Dessin : Ptoma
Editions Le Masque Collection Petits meurtres
92 pages Format 20 x 25,5, NB, parution janvier 1999
 

"Parcodéïne et bourbon, aidez-moi à décompresser". Chicago, années 30, Phoenix, ancien champion de boxe est maintenant employé par la bande d'Al Capone. Amateur de violence au cerveau déchiré, il ne sait plus trop faire la différence entre réalité et fiction. Sa mission aujourd'hui: tabasser la fille d'un notaire véreux pour lui faire avouer les objectifs secrets de son père. Phoenix va péter les plombs et aller trop loin... ça marquera sa vie.

Le trait incisif de Ptoma et sa maîtrise du noir et blanc rendent parfaitement bien l'ambiance torturée du cerveau de Phoenix, ce qui donne un livre dur. C'est un voyage dont on ne ressort pas indemne.


Coup double pour le poulpe
On vous en parlait dans le dernier numéro, les éditions 6 pieds Sous Terre (des gars robustes de Montpellier) se sont lancées dans l'adaptation des épisodes du poulpe (éditions Baleine) en BD. Les deux premiers numéros sont sortis (N&B, 17 x 24, 64 pages pour Nicola Witko et 48 pour Alain Guarrigue) et c'est une réussite. Le belge Nikola Witko s'est attaqué avec brio à La petite écuyère a cafté (on ne va pas vous redonner l'intrigue) et son trait dur rend parfaitement l'ambiance du livre de JB (tout comme l'avait réussi Jürg dans Noces de chiens (le Masque, Petits meurtres), avec d'ailleurs, le même genre de graphisme comme l'a si bien fait remarquer Mister JB himself). Quant à Alain Garrigue, il a eu la lourde tâche d'adapter le Saint des seins de G. Nicloux et il l'a fait de manière originale en amenant son propre univers ce qui donne une bd originale, un brin psychédélique avec des planches inattendues et pour le moins sympathiques. On y trouve des scènes délirantes où le dessin prend le pas sur l'histoire et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce toulousain est à suivre...
JB Pouy, N. Witko, La petite écuyère a cafté
G. Nicloux, A. Garrigue, Le saint des seins
Editions 6 pieds Sous Terre, mars 2000

Le saint des seins (couverture)La petite écuyère a cafté (couverture)

L'événement

- Mémoire morte
Scénario & Dessin : Marc-Antoine Mathieu
Editions Delcourt
62 pages Format 24 x 32, NB, parution mars 2000

Mémoire morte (couverture)

Les albums de Marc-Antoine Mathieu sont toujours un événement. Surtout celui-ci qui marque son retour à la BD après une absence d'environ quatre ans. Comme ses précédents ouvrages, Mémoire morte se passe dans un futur indéterminé. Le Rom (une sorte de cerveau informatique) se souvient d'un événement surprenant : l'apparition de murs dans la Cité. A son habitude, Marc-Antoine Mathieu nous propose une réflexion sociologique sur la société, qu'il traite par l'absurde. En travaillant sur le problème de la communication, il nous livre un album très travaillé, avec son graphisme inimitable, ce qui fait de lui une des références de la BD contemporaine.

- Un Privé en Enfer
Scénario : A. Streng Dessin : F. Nandrin
Editions casterman
70 pages Format 24 x 32, NB, parution février 2000

Richie Dombret est un privé. Contacté par téléphone par une femme qui se sent menacée, il se rend sur les lieux. A son arrivée la femme est morte, un couteau planté dans le coeur : "certains assassins sont des poètes, mais celui qui avait signé ce meurtre-là devait s'appeler Verlaine". Il quitte la maison sans prévenir les flics et rentre chez lui. A son retour, on tente de le tuer par balles. Il pressent que c'est lié à l'assassinat et retourne chez sa "cliente". Le corps a disparu, à sa place, un médaillon : "le poète est revenu".
Doté d'un scénario envoûtant, parfaitement mis en valeur par le trait de Frédéric Nandrin, ce premier tome d'un privé en Enfer laisse présager du meilleur. Le travail de Nandrin sur le Noir et Blanc est remarquable et c'est avec impatience qu'on attend la suite. Un privé en enfer (couverture)

- Le Début et la fin
Série Replay
Scénario : J. Zentner Dessin : D. Sala
Editions Casterman
48 pages Format 24 x 32, couleur, parution janvier 2000 - 79 F

Lorsqu'on appuie sur la touche Replay, c'est pour revoir une séquence particulière. Ici c'est l'histoire d'une amitié qui défile sous nos yeux. Replay, c'est le parcours de deux enfants qui commence en Amérique en 1971. Petites bêtises sans grande méchanceté, qui évoluent en mal, au fur et à mesure que les années passent. Replay, c'est deux garçons, deux caractères diamétralement opposés, une amitié que rien ne vient perturber. Replay, c'est un voyage, mais le dépaysement n'est pas gai.

Ce premier volume (de l'enfance à l'adolescence) est particulièrement froid et triste. La seule touche de chaleur vient de la mise en image, particulièrement travaillée de David Sala. La fin de l'histoire est prévue pour la fin de l'année, il ne reste plus qu'à attendre en relisant cet excellent album.

- Terre d'élection
Série : A.D Grand-Rivière
Scénario : L.F Bollée Dessin : Al Coutelis
Editions Casterman
48 pages
Format 24 x 32, couleur, parution janvier 2000. 79 F

"Rachid Bensoussan, 21 ans, sans emploi connu, vit dans la cité depuis sa naissance... douze frères et soeurs... guitariste occasionnel pour quelques groupes du coin... Il collait vraisemblablement des affiches pour l'un d'eux lorsqu'il a été tué". Le commissaire AD Grand-Rivière a toutes les raisons pour suspecter les colleurs d'affiches du TNT (Tout National Total) qu'il a malheureusement croisés le soir même sur les lieux du crime juste avant qu'il ne soit commis.

"J'ai pas l'air comme ça, mais je suis flic" (et commissaire pour être précis), tel est le leitmotiv d'A. D Granrivière, un grand noir baraqué et décontracté. Grand-rivière est parti pour déambuler dans la misère de la vie. Ce premier épisode tient bien la route, malgré quelques faiblesses et gros clichés (assez dépassés) dans le scénario.

- Un drame en Livonie
Scénario F. Rivière (d'après l'oeuvre de J. Verne): Dessin : S. Micheli
Editions Le masque
Collection Atmosphères
48 pages
Format 24x32, Couleur, parution janvier 2000. 79F

Livonie, pendant l'hiver 1876. Le convoyeur Poch prend la Malle Postale jusqu'à Revel pour emmener les fonds de son banquier. Au dernier moment, un inconnu encapuchonné se joint au voyage. Pendant le trajet, la diligence verse sur le côté. Les voyageurs se réfugient dans une auberge pour la nuit. Le lendemain on retrouve Poch assassiné. L'argent a disparu et l'inconnu est soupçonné. Rapidement la police identifie le mystérieux 

voyageur : il s'agirait du professeur Nicolef, mystérieusement parti en voyage à ces dates - là, refusant obstinément de dire le motif de son escapade, et devant rembourser une dette de 18 000 roubles. Bref, tout est contre lui.

Adapté par François Rivière, ce roman de Jules Verne paru en 1904 garde toute sa force. La mise en image de serge Micheli rend parfaitement le ton et l'ambiance du pays. Cette alliance fait de ce roman policier précurseur une BD d'actualité. Un drame en Livonie (couverture)
- A quoi tu penses ?
Scénario & Dessin : Moynot
Editions Casterman
86 pages
Format 24 x 32, NB, parution mars 2000

Martin a eu une enfance difficile et instable. Audrey, qui sort de 5 ans de taule, le rencontre et lui propose de faire autre chose que ses rapines minables. Ensemble ils se mettent à monter des coups ayant un peu plus d'envergure jusqu'au jour où ils rencontrent Karina. Elle n'est plus toute jeune, a de l'argent et ne cesse de s'extasier sur le physique de Martin. Par jeu, Audrey propose de "faire souffrir la vieille", mais rapidement tout se dégrade.

Cet album vaut par le formidable traitement du grisé. Cela fait heureusement oublier la minceur du scénario et permet d'avoir un ouvrage qui se laisse lire et surtout regarder.

Deux titres légèrement différents


- Le Brouet Sapide
Scénario : Corbeyran Dessin : Alfred
Editions Delcourt
Série Abraxas
48 pages
Format 24 x 32, couleur, parution février 2000

Lorsque Saturnin Duvernois, apprenti magicien, débarque à Abraxas, la

première personne qu'il rencontre lui demande s'il n'a pas peur. Non, il n'a pas peur, pourquoi ? Parce que "les gens ont peur, les animaux ont peur, les ombres ont peur. Ici tout le monde a peur". Parce qu'en moins de quinze jours, ce sont plus de vingt meurtres qui ont été commis, sur de malheureux éclopés...

Une ambiance extraordinaire se dégage de cet album magnifiquement bien dessiné par Alfred. Le scénario est impeccable, comme le fait si bien Corbeyran et cette galerie de personnages est digne de Tim Burton. Le brouet sapide - Abraxas (couverture)


- Corsaire
Scénario E. Omond : Dessin : O. Martin
Editions delcourt
Série : sang et Encre
48 pages
Format 24 x 32, couleur, parution janvier 2000

"La Plume" est le jeune commis de l'écrivain public. Un soir, à la sortie d'une taverne, il est kidnappé. Il se retrouve sur le Mermaid's Blood, le vaisseau du Capitaine Sneak qui est persuadé que La Plume est un traître car tous les soirs il soutire des renseignements à ses hommes. Afin d'y remédier, il l'embarque avec lui... Ce n'est que plus tard qu'il comprendra que le jeune ne faisait que discuter pour alimenter ses histoires...

Un petit tour dans la flibusterie avec ce premier volume de Sang et Encre qui, s'il ne vaut pas beaucoup par son intrigue, mérite le détour pour son excellente mise en couleur.

Christophe

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