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La Daube
l'ours-polar

chatpar Françis Mizio


>Bon, pour cette rubrique qui traitera dorénavant de l'art de la daube, nous allons commencer, lecteurs lectrices chéries mes amours, avec un grand détective, histoire de coller à l'actu. Figurez-vous que cette année -et plus précisément le 16 octobre 1998 s'ouvrira à la Bilipo (Bibliothèque de Littérature Policière) à Paris une expo sur la collection «Grands Détectives» de 10/18. Ca fait quinze ans qu'ils nous régalent et c'est bien la moindre des choses que de célébrer ça (expo jusqu'au 16 janvier 99). Là, rien à dire. Toutefois, il ne faut pas omettre de signaler que dans la collection en question on trouve tout de même quelques plats, souvent repassés, qui ne sont entre autres que de la... de la... de la daube ! (y'en a que deux qui suivent au premier rang, aurait dit Desproges). Et parmi ces plats, se distinguent avec un brio exceptionnel les bouquins de Lilian Jackson Braun.
Kessekessé la daube de Braun ? Ben, ce sont les aventures d'un détective anglais (buveur de thé, tweed, muffins, etc.) du nom de Qwilleran qui a pour principale particularité d'avoir deux chats siamois Koko et Yom-Yom.
Commencez pas à rire.
Ça donne, dans «Le chat qui flairait une piste» (parce que c'est un matou qui fait le boulot - Qwilleran trempe ses muffins au lieu de vraiment fouiner, plutôt glandeur dans la ville palpitante de Pickax), au hasard, page 169 (pour qui aurait tenu jusque là) :
«Bien que la journée fut froide, le soleil brillait, ruisselant par la fenêtre du salon et réveillant la mouche solitaire qui était restée dans le duplex et passait maintenant l'hiver dans l'unité 4 du bâtiment 5. Dans le jeu qu'ils avaient inventé, Qwilleran se tenait immobile avec un journal à la main prêt à frapper. Les chats sautaient et faisaient des passes futiles, se tamponnant l'un contre l'autre tandis que la mouche plongeait gaiement autour du salon haut de deux étages. Elle vivait avec eux depuis assez longtemps pour avoir un nom : Mosca, et aucun de ses poursuivants ne souhaitait réellement l'attraper».
(Traduction de l'anglais de Marie-Louise Navarro, qui doit bien gagner sa vie comme tout le monde, faut la comprendre, elle n'y peut rien. Ne vous acharnez pas sur elle, c'est un système qui nous dépasse tous et on doit se soumettre. Je suis sûr que vous-même en cherchant bien vous avez dû aussi faire des trucs pas clairs pour gagner votre vie).

Alors? Que penser de cet extrait significatif ? Est-ce bien de la daube ? Oui, indéniablement, si l'on se réfère à notre «système d'identification de daube en trois points». Celui-ci est rempli avec brio par Lilian Jackson Braun :
1) On notera dans ce passage que les grands détectives n'ont pas grand-chose à foutre.
2) Que ca doit sentir le renfermé chez Qwilleran.
3) Que l'arrivée de ce nouveau personnage, Mosca, bien accepté de ceux en place va donc être une source de rebondissements palpitants. Le suspens est à son comble: vont-ils faire équipe ?

Un conseil, donc, si vous voulez vendre des bouquins :
1) écrivez sur les chats, y'a un marché de gâteux pour ça.
2) Ecrivez des histoires avec du sexe, ça intéresse encore ceux qui vont prochainement s'intéresser aux chats.
3) Que fait l'association de défense du siamois ?
4) Ce qui se vend encore le mieux, c'est des histoires de sexe avec des chattes. Mais Braun n'a pas souhaité occuper ce créneau.
On notera que LJB (ne dites plus le nom en entier, les gens vont se moquer de vous - utilisons ce code dorénavant entre nous) a écrit aussi (tous publiés chez 10/18) :


LE CHAT... qui voyait rouge ; qui jouait Brahms ; qui jouait au postier ; qui connaissait Shakespeare ; qui lisait à l'envers ; qui mangeait de la laine ; qui aimait la brocante ; qui sniffait de la colle ; qui inspectait le sous-sol ; qui parlait aux fantômes ; qui vivait haut ; qui connaissait un cardinal ; qui déplaçait des montagnes ; qui n'était pas là ; qui allait au placard ; qui jouait aux dominos ; qui donnait un coup de sifflet ; qui disait cheese... Soit 18 bouquins incontournables.
A ce stade, c'est plus de la passion, c'est de la zoophilie frénétique. Proposons d'enfermer LJB avec l'ours polar, histoire de lui faire connaître des émois plus HOT HOT HOT !!!! comme on dit chez les gens qui habitent sous les enseignes où il y a marqué en lettres de feu GIRLS GIRLS GIRLS !!!! Enfin vous voyez ce que je veux dire : histoire qu'elle abandonne les muffins, arrache ses bibis en crinoline pour devenir davantage copine d'ours (polar, bien sûr).

Francis Mizio

> daube deux

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