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Lectures et textes
l'ours-polar

Aujourd'hui : 30 mètres carrés de «Poulpe» en plus

par Jean-Christophe Pinpin

Ca a commencé comme ça : j'étais libraire à Bayonne et spécialisé dans le roman noir. 
Il y longtemps, très longtemps. 

Fatalement, un jour, J&B est venu traîner sa monstrueuse veste à carreaux derrière la vitrine et agiter sa  chevelure d'anar au pays basque... Histoire de boire un coup, de respirer l'air du pays et de dédicacer quelques bouquins. 
En bref : je l'avais invité.
Après avoir clapé du poisson cru chez une copine japonaise, nous sommes allés chez moi : sur les quais, au-dessus de la Nive. Nous tanguions déjà pas mal et la flotte n'y était pour rien. Et nous avons continué :  bu force « Absolut » et force « Wild Turkey » (parce que je connais mes classiques !) 

Et voilà que J&B me demande :
— T'écris pas, toi ? 
— Ben si... Un peu... Des conneries, des trucs qui vont pas t'intéresser... De la poésie. Tout le monde s'en branle. 
A quoi est-ce que je pensais, à ce moment-là ? Franchement, j'ai oublié. Toujours est-il que quand  je l'ai raccompagné à l'hôtel il serrait, sous son bras, mon recueil. La librairie avait six mois d'existence. Il n'y a pas grand chose à dire d'autre. 
Le reste n'est que la conséquence de ce jour-là. 
Quand « La Petite Ecuyère A Cafté » est sortie, c'est chez moi, que J&B est venu faire sa première dédicace. J'avais demandé à Hélène Bihéry si elle pouvait faire avancer la sortie du n°1 du « Poulpe » Et elle avait accepté. L'histoire du poulpe a commencé a Bayonne, dans les 30 mètres carrés du « Privé en Bulle » Il fallait le dire pour les 40 ans de la bestiole, histoire que les parigots, quand ils me voient, la mettent un peu en sourdine ! 
Et si vous ne me croyez pas, demandez aux intéressés ! 
Un matin de janvier 1996, j'étais dans la cave de ma boutique en train de faire des trucs et des machins : inventaire, retours. Des choses chiantes : de celles que le client ne voit jamais. Et voilà que le téléphone sonne et que celle qui était encore ma femme, à cette époque, se met à hurler :
— Jean-Christophe ! C'est J&B !
Je passe sur ce que nous nous sommes dit. Sauf qu'avant de raccrocher,  voilà mon Pouy qui m'assomme : 
— Dis donc, il faudrait que tu m'en écrives un épisode, du « Poulpe ».
— ...
Depuis... Ben « Le Poulpe » a fait de moi un auteur. Et qui vit de sa plume après trois ans de pratique. Et aligne une dizaine de bouquins sur Electre. Alors le Poulpe, faut pas m'en dire du mal ! Pas plus que de J&B ! J'ai la mandale facile, et ce de plus en plus : prendre de l'âge ne me réussit qu'à moitié... A bon entendeur, salut ! 

J'ai rencontré d'autres auteurs de la collection. Certains m'ont plu. D'autres pas. Je les ai lus. Certains m'ont plus.  D'autres pas. 
Jean-pierre Mocky assure que même la plus jolie fille a toujours quelque chose qui cloche. 
Le plus beau des poulpes a toujours une ventouse qui cloche. 
Pas de quoi fouetter un chat, faire tomber des têtes, lancer une chasse aux sorcières...
Voilà : j'ai fini.  Tout n'est pas dit, bien évidemment. 
On s'est bien amusé, tous, je crois. Tant pis pour les autres. 
Certes, il y a  ceux qui n'aiment pas le Poulpe... Qui n'aiment pas l'insolence. Les pieds dans le plat... Qui préféreront toujours une franche injustice à un beau désordre. Le bruit des bottes à celui de l'insurrection. 
J'espère qu'ils se sont fendus, pour voir, de l'achat d'un volume de la collection : nous les aurons alors escroqués de 39 balles. Et c'est là un plaisir sans égal. 

Jean-Christophe Pinpin

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