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l'ours-polar |
Interview de Antoine de Kerversau
Alors
Antoine, comment s'est créée la Baleine ? C'était ton
premier pas dans l'édition ?
Non, j'ai commencé l'édition sous forme associative à la fin des années 70 et je suis passé sous forme commerciale dans les années 80. La maison que j'avais créée s'appelait Alpha Bleue, dans laquelle on faisait des sciences humaines et de la littérature. Depuis un moment, j'avais envie de faire de la littérature populaire. Lorsque j'ai rencontré J-B Pouy et qu'il m'a parlé du Poulpe, j'ai foncé. L'image du Poulpe et de littérature populaire ne cadrant pas avec Alpha Bleue, j'ai monté une autre structure : les Editions La Baleine.
Qu'est-ce qui t'a motivé dans Le poulpe ?
D'abord celui qui me proposait ce formidable projet, que tout le monde avait refusé.L'idée de J-B de dire aux gens « OK on publie » ne t'a pas affolé ?
Bien évidemment que si. Mais j'ai fait confiance à J-B. Et puis au début la collection ne devait pas avoir ce succès et ne prenait donc pas trop de risques. Après cela a été une autre histoire.Et que réponds-tu aux détracteurs qui te disent « on ne fonde pas une collection en publiant n'importe quoi » ?
Quand on a un bon projet (et le Poulpe est un bon projet), il faut essayer de le mener le plus loin possible sans se laisser infiltrer par des idées parasites. Le n'importe quoi est complètement exagéré; n'importe qui serait plus juste. Je suis fier pour J-B que le Poulpe ait résisté à certains de ces ouvrages moins bons que ceux écrits par les Cadors, car c'est justement ce qui en fait une collection à part. Et puis, si vous saviez ce que les avis sont partagés, même au niveau du résultat des ventes.Parallèlement, tu crées Instantanés de polar, reprends Canaille Revolver, avec J-J Reboux et lances un rythme de publication soutenu. Tu ne pensais pas que le poulpe tiendrait la route tout seul ?
Le Poulpe est une série, peut-être même une oeuvre, mais ce n'est pas toute la littérature populaire et j'avais envie d'explorer d'autres voies et d'autres domaines.Le poulpe a pris de l'ampleur et s'est vite installé dans le paysage éditorial. D'après toi, quelles sont les clés de ce succès ?
D'abord, il y avait la place pour un tel personnage. L'Utopie a disparu de notre univers étroit. Puis c'est probablement par ses défauts propres qu'il s'est installé. Un seul roman par auteur; tout le monde peut proposer un ouvrage, les petits et les grands et puis la réussite économique et médiatique, presque immédiate, l'a vraiment installéLes illustrations de Miles Hyman, c'est de ton fait ? Et la gestion des couvertures par l'agence Sketch (qui signe toute la mise en forme de ce que fait Baleine), ça vient de toi aussi ?
Sketch, Philippe Ghielmetti est quelqu'un que je connais depuis longtemps, j'avais déjà travaillé avec lui sur d'autres projets. j'aime son côté qui semble aller directement à l'essentiel, à l'infiniment juste, certes parfois il se trompe, mais a travers sa démarche graphique il exprime parfaitement ce que nous souhaitons. Il assure aussi la surveillance et la cohérence de l'unité visuelle de Baleine. Pour le Poulpe nous savions quel genre d'illustration nous souhaitions, mais c'est lui qui nous a proposé MH. Chaque fois que nous créons une nouvelle collection, on en discute avec Philippe et mes collaboratrices de Baleine, puis j'attends la surprise du nouveau visuel. Ensuite ce n'est plus que du travail, on affine.L'idée du film ? c'est venu comment ?
Pas de populaire sans cinéma ou télé... On avait été contacté très vite par diverses chaînes de télé, mais le Poulpe était encore bien jeune et je craignais qu'on « délave » le personnage, de plus ils voulaient faire des épisodes directement pour la télé, ce qui me déplaisait car on perdait le contrôle du personnage. Le cinéma était aussi plus directement en prise avec un public qu'on pouvait définir et connaître.Après de hauts et des bas, Baleine est de nouveau à flot et le poulpe fête ses 40 ans, quel effet ça te fait ?
Je suis très content que Baleine aille bien à nouveau. Pour moi cela a été très difficile et j'en sort meurtri a de nombreux niveaux... mais je suis de nature profondément optimiste... et le Poulpe et Baleine vivent toujours, n'en déplaise à certains.Comment vois-tu l'avenir et que nous réserves-tu ?
Notre rachat par les Éditions du Seuil a été la meilleure solution parmi les trois ou quatre qui se proposaient à moi. Cela va nous permettre de continuer et de développer notre production dans le domaine de la littérature populaire, de mettre en place de nouvelles minicollections comme Série grise (les héros sont des vieux), Ultimes (pas des polars), Albert FnaK (le plus petit libraire de Paris) mini, oui, mais qui sait ; c'est ce qu'on disait pour le Poulpe ; de se diversifier avec l'adaptation, par exemple, des poulpes en BD par Six pieds sous terre, ou encore d'envisager maintenant quelques adaptation télé... quand à moi je ne te réserve pas grand chose, si ce n'est de bien choisir, j'espère, les gens qui m'entourentSi tu as des choses à ajouter ?
Il y en aurait plein, mais il ne faut pas tout raconter... non, en fait, c'est juste que je tape si mal à l'ordinateur !Merci bien.
Interview réalisé par Christophe Dupuis par E-mail.