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Interview
l'ours-polar

Présentation de Philippe Carrese

par Del Pappas

Philippe Carrese est un personnage fort sympathique. Apparemment rond de partout, c'est un bon vivant et l'exemple même du méridional typique. Particularisme rigolo, il ne boit pas et ne fume pas, ce qui est rare dans le milieu du polar. Contrairement à ce que pourrait laisser penser son physique, c'est un inquiet et un perfectionniste.
Philippe Carrese aurait du naître au siècle des lumières car c'est un ingénieur touche à tout. A cette époque, il aurait touché à l'électricité, aux sciences, à la chimie... Dans notre siècle, il fait du cinéma (réalisateur pour France 3 où il couvre des évènements et fait des fictions, il tourne aussi des films pour lui-même tel son dernier court-métrage en 35 millimètres), il est à l'origine des « Nuls » (dans leur émission de départ BZZ) et, homme orchestre, il joue de la musique, a composé des musiques de films... C'est aussi un dessinateur extraordinaire. Terrible croqueur de petites scènes, il dit que c'est compulsif et dessine sans arrêt, d'un trait qui fait penser à Reiser. Homme de talent, il aurait pu en faire son métier. Il est écrivain aussi et il le fait comme le reste de ses occupations. Chacun de ses livres est différent, sans héros récurrent et, si on sent bien qu'il y a le même écrivain derrière, il y a un monde entre Trois jours d'engatse, Le successeur et Graine de courge. A mon avis son dernier polar Tue-les à chaque fois est le meilleur. C'est un homme qui a beaucoup d'esprit, d'à-propos et d'humour. Généreux, il est extrêmement gentil.

Del Pappas

- L'interview / suite (A propos de Le bal des cagoles)


Tue-les à chaque fois
Fleuve Noir, septembre 1999
« La justice en marche, c'est bien si elle règle les problèmes de grand banditisme, comme hier soir. Mais c'est encore mieux si elle s'occupe aussi de la petite délinquance, comme ce soir ». Voilà ce que pense Patrice Martinez (Patou pour sa mère), le nouveau justicier solitaire. Tout de noir vêtu, avec un masque et un acolyte muet (ça ne s'invente pas), il sillonne Marseille, pour appliquer sa propre justice expéditive. Il tue et tague ses victimes, d'un V qui veut dire victoire car « un justicier doit toujours montrer qu'il est passé par là ». Bien évidemment, la police est sur les dents, mais l'inspecteur Antoine Ronaldi a l'air de trouver cette histoire à son goût... pourquoi donc ?
 Voici le meilleur polar de Philippe Carrese. Les personnages sont haut en couleurs, à son habitude, et les situations cocasses également. Ce livre a un style d'écriture épuré, ce qui en fait un petit bijou.

Le successeur
C.O.L. avril 1999
 Le message est limpide : "Il vient". Les prophéties de Nostradamus sont exactes : en ce septième mois de "l'an mil neuf cent nonante neuf" le descendant direct de Jésus et de Marie-Madeleine revient. Pour l'Ordre des Templiers le Successeur est là et le grand jour arrive. Mais sans l'évangile de Lazare, impossible d'exhiber ce fameux Successeur. Or ce manuscrit vieux de sept siècles vient d'être retrouvé par Denis Delatour de Larosière. Officiant pour les services secrets du Vatican, il devait remettre à Rome « cette pièce maîtresse qui met en péril toute la crédibilité du Vatican » pour qu'ils la détruisent. Malheureusement, il se l'est fait dérober par deux magnifiques créatures, qui ne savent pas trop ce qu'elles ont dans les mains. Moralité, tout le monde court après le manuscrit.
 Le Successeur est le récit d'une course poursuite complètement folle. C'est un véritable road movie humoristique, qui se déroule en la Provence chère à Philippe Carrese.

Graine de courge
Florent Massot, mai 1998
 Bienvenue dans le monde fascinant des enclumes et des têtes de courges. Telle est la préface du roman. Et on en trouve, avec Bouboule, qui se rôde à être braqueur, avec des mauvais casses de boulangerie ; avec Zé La Baudroie, qui a, soi-disant, travaillé avec Spaggiari ; avec Lucien La limande et son camping-car ; et Takis, amateur de microbes et de musique contemporaine, dont la soeur âgée d'à peine seize ans, est étalée en photo géante sur les affiches de 3615 Sussaphon'... dire qu'ils doivent cambrioler la Banque Méditerranéenne de Commerce, on n'est pas arrivé.
 Roman foisonnant, drôle, plein de situations cocasses. Détente assurée.

Allons au fond de l'apathie
Baleine, Le Poulpe, février 1998
« Des terroristes envahissent Marseille », « la vague islamiste défile »... la presse ne manque pas de gros titres. Mais heureusement Ariel Rosenthal, garde du corps d'un illustre dirigeant, veille au grain. Pour preuve, il a sauvé son patron de dangereux terroristes en abattant le jeune Abdelkader qui le menaçait de son arme... son complice, lui, court toujours. Pour le poulpe, deux petits voyous qui se trimballent avec une bouteille de gaz consignée au fond d'une impasse pour perpétrer un attentat, ce n'est pas trop crédible. Et deux balles de magnum à bout portant alors que la victime est à terre, c'est beaucoup. Alors, direction Massilia.
Un coup sur l'extrême droite, un coup sur les autres partis qui ne valent pas mieux, et un pour la presse qui raconte n'importe quoi... Carrese règle ses comptes, toujours avec humour.

Filet garni
Fleuve Noir, 1996
« Bébert, au volant de son bahut, on dirait Mad Max : les cheveux gominés, les lunettes noires même la nuit (surtout la nuit), le perfecto noir, les gants noirs... Et le camion, on dirait un char de carnaval ». Bébert, il convoie des trucs pas très clairs pour Monsieur Gilbert. Lorsqu'il se fait braquer par deux manouches qui veulent piquer le camion, il les tue. Il se doute bien que Monsieur Gilbert va pas être content. Et ça ne loupe pas. Du coup il ne reste plus qu'une chose à faire : se débarrasser du camion et de sa marchandise encombrante. Et là, Gilbert va appeler son cousin... qui voit bien les ennuis se profiler mais « quand ça vient de la famille, tu peux difficilement refuser ». Et oui, roule la galère !
 Une course-poursuite complètement folle, à l'image des personnages où Philippe Carrese, une fois de plus, se laisse totalement aller dans l'humour et les situations farfelues.

Trois jours d'engatse
Fleuve Noir, novembre 1995
Bernard Rossi est marseillais d'origine corse. Ce maçon des quartiers nord a une vie tout ce qu'il y a de plus simple. Malheureusement tout bascule le jour où une compatriote Madame Mostagonnaci, « petite vieille toute fripée qui habite en dessous de chez moi » , se fait écraser par un chauffard. L'outrecuidance du personnage, qui ne l'a soi-disant pas vu traverser, et le fait qu'en tant que fonctionnaire de police, chauffeur personnel du maire, il s'en tire comme une fleur le font voir rouge. Mais de la à le tuer et ramasser les papiers qu'il y avait dans sa voiture...
« J'aurais dû immédiatement tout jeter dans l'Huveaume ou tout laisser brûler dans la Safrane... Mais quand tu es pas très fin au départ, ça va pas en s'arrangeant avec l'âge ». Il a pas tort, le maçon et du coup, poursuivi par les sbires du maire, ce sera « trois jours d'engatse » pour lui. Poursuites, humour et dénonciations des problèmes marseillais forment, sous la plume endiablée et argotique de Philippe Carrese, la base de ce roman.

Pour presque boucler le tout, vous pouvez aller jeter un oeil sur l'incursion de Philippe Carrese dans la SF avec « Pet de mouche et la princesse du désert » (Fleuve Noir, 1997). Et, si vous passez en Provence, n'oubliez pas « Le-Petit-Lexique-de-ma-Belle-Provence- que-J'aime » (Editions Jeanne Laffitte, 1996), cosigné avec son compère J-P Cassely, où sont présents l'humour et les dessins de Philippe Carrese.

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