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Le polar Marseillais... Comme dirait Richard Virenque...

par Annie Barriere

Comme dirait Richard Virenque, je ferais partie de l'EPM, l'Ecole du Polar Marseillais (à ne pas confondre avec l'EPO, l'Ecole du Polar Ouvrier) à l'insu de mon plein gré !

Trêve de galéjade, vous me demandez de me définir par apport à une hypothétique « école marseillaise du polar » et/ou un phénomène de mode (beaucoup de polars sortis récemment se passent à Marseille),  et j'avoue avoir un peu de mal à le faire.

J'ai écrit « Une belle ville comme moi » avant la vague du polar marseillais, puisque vague il y a, et en me fichant pas mal d'appartenir à un groupe, une chapelle ou une école. 

Je crois que l'écriture est un exercice éminemment solitaire, et suis plutôt du genre réfractaire à toute forme d'embrigadement, fut-il littéraire. Surtout littéraire ! (au demeurant et autant que je sache, il n'existe pas d'école du polar marseillais...) 

Personnellement, si j'ai eu envie d'écrire des polars, c'est à cause de Chandler, et aussi d'Hammett, de Himes, de Ross McDonald, de McBain, de Block, de Westlake, de Behm, de Crumley, de Crews, de Connelly... qui ne sont pas spécifiquement des auteurs marseillais. C'est cette influence que je revendique, plus celle de quelques autres, Montalban par exemple, ou plus récemment Camilleri, qui me confortent pour ainsi dire dans ma méditerranéïté... Car je me sens profondément méditerranéenne, et pourquoi le cacher plus longtemps, très... marseillaise.

Il se trouve que je suis née dans cette ville, que j'y ai grandi, et que forcément ça laisse quelques traces... 

On écrit avec ce qu'on est.

On écrit pour échapper à ce qu'on est.

En ce qui me concerne, je pourrais résumer les choses ainsi: j'écris des romans à cause de Marseille. Ce sont des polars, à cause de Chandler et de quelques autres (voir plus haut).

J'ai horreur des étiquettes.

Mais s'il faut absolument m'en coller une sur le front, alors pourquoi pas celle-là: auteur de polar marseillais ! Comme disent les supporters de l'OM, je suis fière, etc.

Ceci dit, que par les temps qui courent Marseille génèrent des auteurs de polars, comme elle génère des footballeurs ou des rappeurs, je laisse aux sociologues le soin de se pencher sur la question. Que ce soit un effet de mode ou de marketing, peut-être. Ca me passe un peu au-dessus de la tête, hélas pour moi! comme dirait Godart. (Enfin, ça ne date quand même pas d'aujourd'hui que Marseille fasse écrire. Y a des villes comme ça...).

Alors, pourquoi des polars précisément ?

Je ne pense pas du tout qu'il s'agisse d'une sorte de fatalité consubstantielle à la ville, du genre : Marseille reine du crime ! Même si elle a pu avoir cette place dans l'imaginaire collectif et si le cinéma surtout ne s'est pas privé de l'utiliser dans ce sens. Je crois qu'il s'agit d'une question plus générale liée à la notion même de fiction, et qui mériterait plus ample réflexion. On peut avancer comme hypothèse que c'est dans ce genre dit mineur, donc protégé d'une certaine façon, que s'est réfugié en grande partie l'art romanesque (dit majeur), après pas mal d'avatars. L'expression « roman policier » serait presque devenue une tautologie, qu'on le déplore ou qu'on s'en félicite. Mais c'est une autre histoire.

Ce qu'on peut constater en tout cas, c'est que le genre s'est diversifié, aussi bien géographiquement. Ainsi il existe de fait un polar méditerranéen, dans lequel le polar marseillais tient sa place. Il ne s'agit pas de s'enfermer dans la couleur locale, mais de faire entendre une petite musique, une couleur différente (il y a bien un jazz côte ouest et côte est, peut-être bien qu'en matière de polar aussi...). Sur notre vieux continent, qu'il y ait un polar du sud, comme il y a un polar du nord (et aussi de l'est) pourquoi pas! Au-delà des effets de mode, ça prouve que le genre est décidément bien vivant et qu'il fait des petits partout... Et c'est très bien comme ça. En définitive, il n'y a jamais que les bons et les mauvais polars, ceux qui vous embarquent et ceux qui vous laissent à quai, sur le Vieux-Port comme ailleurs. La Bonne-Mère reconnaîtra les siens.

Annie Barriere



Interviewés : le polar Maseillais
Philippe Carrese | Cédric Fabre | Jimmy Gallier
Noël Simsolo  | François Thomazeau

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