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Dossier
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Le polar Marseillais

Depuis quelques temps, l'étiquette « polar marseillais » fleurit dans les médias. Mais qu'est-ce que le polar marseillais ? Recouvre-t-il une entité particulière ? Cela veut-il dire quelque chose... Tout ceci mérite quelques éclaircissements.

Au point de départ était Jean-Claude Izzo. Il y a eu son succès, et à travers lui, la re-découverte de Marseille. Depuis, une vague déferle, c'est ce qu'on appelle « le polar marseillais ». Verbe haut, faconde, argot et gaudriole sont au programme. Emmenée par Del Pappas, avec Delfino et bien d'autres dans son sillage, la vague grossit. Aujourd'hui, c'est un véritable raz-de-marée et on entend plus que ça : « polar marseillais », «école marseillaise... » A tel point qu'une maison d'édition, L'Ecailler du Sud vient de se créer, avec comme ambition d'arriver à jouer « ce rôle fédérateur » en espérant d'abord « être acceptée par cette putative école marseillaise » (in Le Monde des livres, 23 juin 2000).

Quelle est cette école et qui furent les maîtres ?

Jean-Claude Izzo ? Je n'ai pas le souvenir qu'il ait revendiqué quoi que ce soit. Philippe Carrese, qui mène une superbe carrière littéraire loin des médias? Ce n'est pas le genre de l'homme, d'une discrétion remarquable et proverbiale... Alors qui a fondé l'école, qui est le maître? La question reste ouverte...

Les élèves ?

Ah, les élèves, on les connaît. Il y a Del Pappas, Jean-Paul Delfino, François Thomazeau... Mais à regarder leurs livres, ils n'ont pas grand chose en commun. Del Pappas fait à peine du polar. Delphino vient juste de faire son premier livre sur Marseille... Ils sont tous marseillais mais plus aucun n'y habite... Ils revendiquent cette école ; d'autres comme Annie Barrière ou Cédric Fabre, non.

Alors du polar marseillais pour faire quoi ?

Est-ce un besoin de se justifier ? Se mettre ensemble pour se faire remarquer ? Alpaguer le promeneur avec forts accent et gouaille lors de dédicaces ?

Car c'est quoi le polar marseillais ? Ça se définit comment ? Faut-il être marseillais ? Ecrire sur Marseille ? Posséder le baba du dictionnaire Girelle-Jobi ? Maîtriser la recette de l'aïoli ?

Et pourquoi un polar marseillais? Pourquoi une telle segmentation ? Sont-ils si différents les marseillais ? Sont-ils différents des toulousains ou les gars du Nord ? Et en quoi ? Est-ce bien utile d'avoir « un polar marseillais » ? Personne n'a revendiqué le « polar parisien » jusqu'ici... Arrivera-t-on à toute une vague de régionalisme, avec des intervilles de polar, Guy Lux en super-directeur de collection pour animer tout ça et des attachées presse ne parlant que chtimi, breton...

Et ça donne quoi d'avoir un polar marseillais ? C'est la ville qui est importante ou le style littéraire ? C'est la Canebière ou l'intrigue ?

A l'heure où chaque maison d'édition se targue d'avoir sa collection polar, engendrant une multiplication de productions de daubes qui desservent plus le monde du polar qu'autre chose, a-t-on besoin d'une nouvelle étiquette ? A-t-on besoin que chacun ait son auteur marseillais, histoire d'être dans la norme ? A-t-on besoin de bandeau rouge « polar marseillais » ? 

Face à ces interrogations, le plus simple est de laisser la parole aux intéressés, histoire de croiser les points de vue et de répondre à ces multiples interrogations.

Interviewés :

Annie Barrière
romancière marseillaise auteur de Une belle ville comme moi chez Baleine.

Philippe Carrese
Voir le portrait l'Ours-Polar n° 8. 

Cédric Fabre
journaliste, chroniqueur littéraire à l'Humanité, auteur de La Commune des minots chez Gallimard, Série Noire

Jimmy Gallier
heureux éditeur et fondateur des Editions Jigal et par ailleurs faux marseillais exilé...qui a publié tous les Del Pappas.

Noël Simsolo
auteur et directeur de collection chez Baleine... l'avis d'un homme du Nord.

François Thomazeau
auteur marseillais et créateur des Editions L'Ecailler du Sud.

L'Ours

Fusil (Dessin)

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